MILF


Aux premiers temps des films X, une grande actrice tournait pendant trois, quatre ans, soit une vingtaine de films. Avec la VHS, puis internet, c'est le syndrome Peter Pan : il faut de la nouveauté en permanence. A peine débarquée, la novice enchaine les tournages. On veut la voir partout ! Au bout de deux ans, soit une quarantaine de films, elle n'a plus rien de neuf. On la jette comme un bout de chiffon. Le cas extrême, c'est la vidéo "amateur" avec une fille qui participe à un unique tournage. Pendant longtemps, les actrices de deuxième zone pouvaient rester un peu plus longtemps, pourvu qu'elle acceptaient ce que les autres refusaient (double-pénétration, uro...) Sauf qu'aujourd'hui, les novices n'ont plus le choix. On leur impose de tout faire d'emblée. C'est donc un défilé permanent d'actrices. Accessoirement, dans ce système, on évite qu'une actrice deviennent trop célèbre, donc exigeante sur son cachet ou ses conditions de travail...

Pour autant, dans le même temps, la clientèle a vieilli. Des pères de famille -voir des grands-pères- aiment bien regarder un porno de temps en temps. Seulement voilà : ils ont passé l'âge de fantasmer sur les post-ado ; ils veulent voir à l'écran des filles de leurs tranches d'âges. D'où la mode des MILF. Cet acronyme a priori innocent signifie "Mother I'ld Like to Fuck" (la mère [de famille] que j'aimerais bien baiser.) S'y ajoute le fait que grâce aux réseaux sociaux, certaines actrices entretiennent un réseau de fans, bien contents de les retrouver, années après années. Malgré les séances de gym et les liftings, le poids des ans est visible. Au moins, ces femmes plus matures sont plus généreuses devant la caméra. Elles donnent davantage l'impression de tourner par plaisir. D'ailleurs, elles sont souvent réalisatrices ou productrices (s'affranchissant ainsi d'éventuels tyrans à caméras.) Dans les médias, elles se montrent plus ouvertes et plus proches de leurs fans (alors que les jeunettes sont obsédées par l'argent et leur image.) A 57 ans, Nina Hartley fait figure de mamie du porno. Elle n'a jamais été aussi célèbre que durant ces 10 dernières années. Akira Lane, jusque là surtout actrice de films érotiques, a profité du cap de la trentaine pour devenir une star des MILF. On voit aussi des actrices sortir de leur retraite, pour faire une carrière de "MILF", c'est le cas de Lisa Ann ou de Dana Vespoli. La définition est floue : bien que trentenaires, Asa Akira ou Nikki Benz ne sont pas considérées comme des MILF. En revanche, elles profitent de leur popularité pour continuer à tourner dans de grandes productions.


C'est le paradoxe de l'ère des tubes : d'un côté, des actrices jetables, aux carrières toujours plus éphémères et de l'autre, des stars qui vieillissent avec leur public.

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