Entrevue

Tabatha Cash en couverture d'Entrevue : un beau résumé du cul dans les années 90 !

Pour les plus jeunes, il faut expliquer qu'à l'époque, ça vous posait un caïd, au lycée ! Il fallait sortir ostensiblement le magazine, en plein cours et si possible, le commenter à voix haute : "T'as vu le cul qu'elle a, la fille qui présente la météo ? La salope, on voit qu'elle met pas de soutif ! Et le mec, là, il est sorti de l'hélico juste avant qu'il explose ! Il a le bras complètement en sang !"

Thierry Ardisson a toujours voulu être plus qu'un animateur TV. En 1992, il s'associait à Gérard Ponson, qui avait de l'expérience comme rédacteur en chef, pour fonder Interview. Il s'agissait d'un copier/coller d'un magazine US (également appelé Interview), au style très trash. L'original porta plainte et Interview se renomma Entrevue. Le concept était simple : des interviews très intimes de célébrité de troisième zone (prêtes à tout pour un peu d'audience), des faits divers montés en épingle et surtout, des photos sexy. Entrevue participa grandement à la starification du X français dans les années 90. Tabatha Cash ou Julia Channel durent beaucoup à ce magazine et vice-versa.
En 1995, Ardisson voulu se refaire une virginité à la TV et il abandonna ce magazine trop sulfureux. Surtout qu'Entrevue se montrait très critique envers TF1. Pas facile d'essayer de leur vendre une émission derrière...

En 1997, j'avais 18 ans et j'allais faire un stage de BTS à l'étranger. J'ai voulu un magazine de cul, pour les longues soirées... A l'aéroport, après un ultime au revoir à mon père, j'ai filé au Relais H et j'ai honteusement acheté un Entrevue. Consternation : en fait les images sont bien sages. Les starlettes se tiennent les bras croisés sur la poitrine ou bien, elles gardent leur string. Et sur le reportage un peu cochon, il y a de gros pixels...

Après, de retour à Paris, j'ai acheté d'autres Entrevue et c'était toujours le même cirque. Beaucoup d’esbroufe. Le reste ne valait guère mieux : c'était racoleur, voyeuriste, bâclé, le vocabulaire du texte était très pauvre et de nombreux reportages étaient clairement bidonnés. Je me souvent d'une "enquête" sur les clubs échangistes belge. En guise d'illustration, ils avaient demandé à un Jacky de poser avec deux mannequins. Et l'habitué qui témoignait, c'était le Jacky !

Dans les années 2000, il y eu l'explosion de la Télé-réalité. Entrevue n'avait plus qu'à se baisser pour trouver des histoires sulfureuses ou des filles acceptant de poser topless ! En 2011, il s'en vendait 455 000 exemplaires. Puis internet se diffusa. En plus, Ponson avait créé Choc, davantage centré fait divers. D'abord émanation d'Entrevue, il devint un gros concurrent.
En 2009, le magazine fit faillite. Ponson le reprit. Depuis, il tente d'exister sur internet. Mais on dirait surtout un sous-Vice très fauché.

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