Les années Kazaa

Retour sur un phénomène qui a marqué le X : le piratage. Il fut très actif durant les années 2005-2015.

Au début des années 2000, acheter des DVD pornos, c'était encore la préhistoire. Chaque trimestre, vous receviez des catalogues de Marc Dorcel, La Musardine, Blue One, etc. Dedans, il y avait quatre ou cinq nouveautés. Vos seuls indices, c'était le descriptif et la photo d'illustration. Vous remplissiez le bon de commande, vous l'envoyiez par La Poste et quinze jours après, vous receviez votre colis... Et parfois, vous vous faisiez avoir. Par exemple : Amazonsex, avec sa superbe bande-annonce, sa superbe jaquette... Et son film tout pourri ! Yeah, 30€ de foutu en l'air ! Car personne ne reprenait les cassettes et les DVD porno d'occasion...
Puis le peer-to-peer (ou P2P) est arrivé...

Le premier grand site de peer-to-peer, c'était Napster. A la fin des années 90, il proposait de télécharger illégalement des chansons. Avec son serveur unique, il fut vite localisé et neutralisé. Néanmoins, le pli était pris.
C'est ainsi que Kazaa débarqua peu après. Comme il disposait de plusieurs serveurs, il était plus difficile à fermer. Entre temps, la vitesse du débit internet avait augmenté et il pouvait proposer des vidéos téléchargeables.

Concrètement, vous utilisiez le moteur de recherche, vous tapiez et il vous proposait des fichiers à télécharger. Ces fichiers atterrissaient sur un dossier de téléchargement. Comme ça, d'autres personnes pouvaient télécharger les fichiers de ce dossier. Plus des personnes téléchargeaient vos fichiers, mieux vous étiez noté. Une meilleure notation signifiait que vous étiez mieux placé dans la liste d'attente (il existait des logiciels pour avoir d'emblée une note maximum.)
Dans le meilleur des cas, au bout d'une semaine, vous téléchargiez une scène de film X, bien pixélisée (comme ici, avec Katsuni.)

Et ça, c'était en admettant que le fichier corresponde à la description, qu'il n'y ait pas de malware dessus... Et surtout, qu'il soit complet ! Car parfois, vous restiez des semaines, voir des mois, avec un fichier plein à 99%...
Puis eMule est arrivé. Le principe était peu ou prou le même (à l'exception des ordres de priorité.) Néanmoins, il avait davantage de serveurs et davantage de fichiers.

Surtout, il était plus rapide et cette fois, vous pouviez télécharger des films entiers, avec une bonne qualité d'image (ici, Story of Yasmine.) En prime, si vous possédiez un internet potable, vous pouviez être servi en 24h !
Les plus gros films étaient des copies de DVD. D'autres se contentaient d'enregistrer les films diffusés à la TV (notamment sur Canal+.) Des utilisateurs se spécialisaient. Par exemple, "DJ God" piratait uniquement les films et scènes où il y avait des beurettes. Certaines copies étaient de mauvaise qualité (mauvaise compression, son décalé...) Il y en avait même qui copiaient la mise en garde sur le copyright !
Mais le mot-clef, c'est que tout cela était illégal. Toutes les excuses des utilisateurs étaient de fausses excuses. Égoïstement, moi, je n'y voyais qu'une source quasi-intarissable de films X gratuits.

Pendant ce temps, les maisons de productions ne gagnaient pas un centime. Ceux qui trinquaient le plus, c'était les gros studios. Il faisait des films à gros budgets, mais les ventes de DVD s'effondraient et elle ne permettaient plus d'amortir les ventes. Des "majors" comme Private, Vivid ou les Français Blue One et Colmax burent la tasse. Ceux qui s'en sortaient à peu près, c'étaient les sites tournant avec extrêmement peu de moyens, comme le Backroom Casting Couch. Il était lui aussi victime de piratage, mais il arrivait à équilibrer ses comptes avec les visiteurs payants.
Le piratage dura une bonne dizaine d'années. Le X n'était pas le seul touché : la musique et le cinéma "normal" étaient en première ligne. Par définition, les artistes sont un peu rebelles et beaucoup refusaient d'appeler à la répression des utilisateurs de P2P, voire à la dénonciation.
L'association des producteurs musicaux Américains (RIAA) envoyait la police chez les utilisateurs de P2P. Des personnes âgées et des adolescents furent menottés et trainé en justice avec des dommages à payer de plusieurs millions de dollars. La RIAA voulu faire des exemples. Mais elle passa surtout pour une entreprise assoiffée d'argent. Dans le X, le cabinet Prenda Law fut accusé d'avoir acheté un catalogue de films juste pour estorquer les pirates.

Surtout, le P2P profitait aux fournisseurs d'accès à internet (FAI.) Le taux d'équipement des box ADSL explosait. Les utilisateurs voulaient une internet toujours plus rapide. Dans leurs pubs, les FAI faisaient discrètement référence aux possibilités de téléchargement rapide, via leur nouveau forfait...

Pendant ce temps, les producteurs se défendaient comme ils pouvaient. Les DVD soi-disant inviolables finissaient par être copié. Certains producteurs (Europa Corp, Iam...) jouèrent les trolls. Ils diffusaient des versions défectueuses de leurs œuvres, sur le P2P. Sur eMule, il existait une version de Sextet complètement imbitable ; John B Root nie en être l'auteur.
Finalement, les FAI ont fini par bloquer les sites de P2P, vers 2015. De toute façon, les tubes proposaient désormais un accès légal à des scènes. Les maisons de productions n'étaient pas tirées d'affaire, mais ça, c'était une autre histoire...

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