Féministes contre féministes

La tribune sur la "liberté d'importunée" et la réponse outrée des féministes est un épisode à proprement parler délirant. Mais hélas aussi, pas très rassurant.

Philippe Muray aurait adoré. C'est ce que l'essayiste appelait "moderne contre moderne". Des riches bourgeoises des beaux quartiers qui donnent des leçons de moral à d'autres bourgeoises des beaux quartiers.
La liberté d'importuner, ce sont les héritières de mai 68. Il est interdit d'interdire. Le "frotteur" n'est qu'un pauvre homme subissant une misère sexuelle. Le harceleur de rue n'est qu'un immigré, perdu face aux repères de la société occidentale (NDLA : une tribune publié quelques mois plus tôt allait dans ce sens.) Rien ne doit être tabou. Un petit garçon de 10 ans qui s'habille comme l'Harley Quinn de Suicide squad, cherche à exprimer sa sexualité et il faut l'encourager (NDLA : au-delà des questions de transsexualisme, un enfant de 10 ans n'a pas à avoir de sexualité tout court, non ? Je suis le seul que ça choque ?) Catherine Millet y ajoute que se faire peloter dans le métro, ça peut être excitant, Brigitte Lahaie dit que l'on peut jouir d'un viol. Et la dick pic, c'est émoustillant ?
Et en face, Caroline de Haas et sa poignée de sympathisantes sont vent-debout. Catherine Deneuve, qui fut une militante du droite à l'avortement (mettant en jeu sa carrière), est trainée dans la boue. L'homme blanc est un éternel prédateur économique, social et sexuel. Il faut le brider, le dénoncer, même sans preuve. C'est le "#metoo" ou le "#balancetonporc". Le harcèlement n'est pas à prendre à la légère et si des hommes sont brisés par une fausse accusation, c'est tant mieux. Ils payent pour les autres.
Derrière ce débat se cache deux visions de la sexualité féminine.

Depuis les années 60, le féminisme (en occident) était synonyme d'une sexualité conquérante. La summum de la liberté, c'était la sexualité masculine et la sexualité féminine devait s'en rapprocher. Ca ne devait plus être quelque chose de tabou. Les relations pré-nuptiales ou extra-conjugales, la masturbation ou le visionnage de films X devenaient normaux. Les années 60 avaient vu l'apparition de la minijupe et les années 90, le string. Ca allait de paire avec une conquête de l'espace public et la volonté de faire "des métiers d'hommes" (de soldat à homme politique.) Avec toutes les dérives que cela possède. La fille qui refusait de baiser (NDLA : j'emploie ce mot à dessein) lors d'un week-end d'intégration de fac, c'était elle, la godiche. Et on la montrait du doigt. Ou plus précisément, d'autres femmes la montraient du doigt.

Mais depuis une dizaine d'années, on voit surgir un autre féminisme. On y défend l'idée que la sexualité est avant tout un concept masculin. Toute la sexualité ne sert qu'à oppresser les femmes. On force les femmes à aimer le sexe, alors qu'elles ne veulent que des caresses et des relations durables. Ce n'est pas aux femmes d'avoir une sexualité masculine, mais aux hommes d'avoir une sexualité féminine. Quant aux métiers d'hommes, on les supprime tout simplement. Dans un monde vegan, il n'y a plus besoin de bouchers ou de soldats. Pour s'allier les femmes, les associations gays ont modifié leur image. Terminé, l'homosexuel à la sexualité débridée et à la vie dissolue. Place au gay un peu coincé, tel Neil Patrick Harris posant avec mari et enfants à chaque Halloween. Du coup, le gay assoiffé de sexe, c'est forcément un coup-monté ou un déviant, comme Kevin Spacey. L'homme doit être une femme comme les autres.
Ces féministes veulent imposer une femme fragile. Une femme qu'il faut protéger des hommes. Une morale à imposer jusque dans la sphère privée, vu que par exemple, les films X sont désormais à proscrire et que les règles sur le consentement se durcissent. Tout cela n'a de valeur que si les contrevenants sont lourdement sanctionnés. Or, dans le même temps, ces féministes plaident pour une justice plus "compréhensive", a fortiori vis-à-vis des "personnes racisées". Les cours et autres séminaires, ça n'aura guère d'effets à court terme. Pour se protéger des prédateurs on conseille aux femmes d'éviter les tenues trop aguicheuses, voire de ne pas se rendre sans hommes dans certains endroits... On voit bien que les religieux, à commencer par les islamistes, sont aux anges. C'est justement au nom de la protection des femmes qu'ils ont imposé le voile au Maghreb et en Turquie, dans les années 90-2000. Idem pour les espaces non-mixtes, qui devaient permettre aux femmes d'être plus libres de leurs mouvements. Caroline de Haas est donc l'idiote utile des islamiste.
Photos : Miles High Media

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