Druuna - Au commencement

Quatre ans après Celle qui vient du vent, Druuna est de retour. Au commencement doit explorer la genèse de Druuna. Alessio Schreiner et Eon prennent le relais de Paolo Eleuteri Serpieri. Le premier tome, Espoir, vient de paraitre aux éditions Glénat.


Druuna est une série lancée en 1985. Huit des dix albums sortirent en une grosse quinzaine d'années, puis Paolo Eleuteri Serpieri leva le pied.
La série restait très ancrée dans son époque : une esthétique post-punk, la peur des dérives de la science et de l'ultra-individualisme... Sans oublier l'histoire personnelle de l'auteur, son anti-cléricalisme, son amour de l'architecture et son envie de choquer.

Difficile donc, de transmettre le témoin à un autre, dans une nouvelle époque. Faut-il singer les années 80 ? Ou bien tenter d'insérer au chausse-pied des problématiques contemporaines ? Il n'y a aucune solution...
Qui plus est, Alessio Schreiner et Eon sont deux inconnus. L premier possède une petite carrière de scénariste érotique. A contrario, aucune trace d'Eon.

Bref, beaucoup d'inquiétudes. Et ce n'est pas l'espèce de métisse rasta en couverture qui va nous rassurer...

L'histoire débute par quelques mots de Paolo Eleuteri Serpieri. A 77 ans, il ne peut plus écrire un album tous les deux, trois ans. Un nouvel album est en préparation.
On a aussi l'impression qu'il souhaite faire des albums toujours plus conceptuels. Un tournant observé après Carnivora.

En attendant, il laisse d'autres poursuivre son œuvre.

L'intrigue de Druuna partant en quenouille, les nouveaux auteurs se sont appuyés sur Morbus Gravis et Creatura, deux des albums les plus cohérents. 

Lewis est donc de retour, mais cette fois, c'est un être de chair. Il gère de soldats tour à tour assiégés par les civils de la cité-vaisseau ou bourreau de ces personnes.

A peine apparue, Druuna se fait violer par des soldats. Ca n'a pas l'air de la traumatiser plus que cela !

Le sexe est plus explicite. Les pénétrations sont montrées en gros plan et les scènes durent davantage de temps.

Le rasta, c'est Kartes, un gros bras plutôt bas du front. Spécialiste en plan-foireux, il est souvent la cause des ennuis de sa belle.

Notez que désormais, l'héroïne préférait les plaisirs bucco-génitaux à la sodomie...

Les préquels ont toujours tendance à fonctionner en entonnoir. 

Paolo Eleuteri Serpieri nous montrait l'action à travers les yeux de Druuna (y compris ses hallucinations et ses visions, toujours plus fréquentes.)
Alessio Schreiner et Eon, eux, jouent à "pendant ce temps"... Au détour d'une case, on découvre ainsi Schastar. Le grand amour de l'héroïne est alors un médecin-légiste ; ils ne se croisent pas.

On a parfois l'impression de relire Morbus Gravis. La page 31 résume l'album : le couple évolue dans des ruines, ils font face à des personnes (soldats, prêtres et mutants) hostiles et ils font l'amour. 

Malgré tout, on s'accroche. C'est bien rythmé, avec une bonne gestion des temps-morts. Puis on arrive au "à suivre".

Alessio Schreiner et Eon ont laissé volontairement des pistes ouvertes, afin de les refermer au fil des albums.

Ce "Tome 1" est intitulé Espoir. Difficile pourtant de voir de l'espoir dans cet environnement de chacun pour soi, où la violence gratuite est à chaque coin...

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