X-Women, jeunes filles en fuite

Le point Q, c'est aussi des BD ! Aujourd'hui, on parle de X-Women, une parodie de X-Men, publiée en 2010.

Régulièrement, la Marvel demande à des dessinateurs davantage typés "auteurs" de lui réaliser des BD. C'était d'autant plus vrai dans les années 90-2000. Les comics traversaient alors une vraie crise. Le public habituel des 10, 15 ans préféraient surfer sur le net. Quant aux mordus, ils s'estimaient trahis par des adaptations tartouilles. Ainsi, Bryan Singer se servit des X-Men comme d'une métaphore de l'homosexualité, allant toujours plus loin dans le côté "woke".

Originalité : Milo Manara, l'invité est épaulé par Chris Claremont, l'un des scénaristes "historiques" des X-Men. Ce X-Women est donc une parodie soignée.

Faut-il présenter Milo Manara ? Avec Paolo Serpieri, c'est le grand maitre Italien de la BD érotique.

Manara a vécu la libéralisations des années 70, comme un soulagement. Il allait enfin pouvoir dessiner des femmes nues, sans censure ! D'où ce goût de la transgression, voire du sacrilège. C'est un homme pétri de culture classique (cf. son diptyque sur Le Caravage)
Manara est avant tout un dessinateur. Il excelle lorsqu'il a un scénariste (comme Hugo Pratt) ou qu'il réalise des adaptations. Par contre, en solo, il manque d'imagination. Ajoutons que dans les années 80, Albin Michel lui imposait une charte graphique pour ses couvertures, d'où l'impression qu'il dessinait toujours la même chose...

L'album s'ouvre sur une scène de bataille. Les X-Women viennent délivrer l'une des leurs...

Les retrouvailles valent bien une étreinte ! Globalement, tous les prétextes sont bons pour s'étreindre, se toucher, se frôler... Et mêmes pour se battre, nos héroïnes ne sont guère vêtues...

On retrouve les silhouettes typiques de Manara : des filles longilignes, aux lèvres pulpeuses et aux cheveux virevoltants.

Les Américains sont pudibonds. Même sans cette édition Italienne (a priori moins censurée), il n'y a pas de tétons apparents. Manara opte donc pour un dessin crypto-lesbien paillard, tout en subtilité.

Le talent de Manara, c'est d'évoquer sans montrer. Ce dont Serpieri est incapable.

Chris Claremont a visiblement joué les gardiens du temple. Un pastiche, oui, mais pas question de faire n'importe quoi avec le canon des X-Men ! 

Le dessinateur a distillé son univers. Telle cette nymphette qui traverse un navire avec son jet-ski (à l'insu de son plein gré) et surprend deux hommes nus au lit...

Le scénario est un peu faiblard. Une X-Women se fait enlever, les autres viennent la secourir et neutralisent le méchant. Deux fois.

Et cela se termine par une scène de fête, où les filles dansent enlacées. Ce soir, il y aura de l'huitre au menu...

Les X-Women n'avaient pas vocation à être une série. Jeunes filles en fuite fut le premier et dernier album. Manara réalisa également des ex-libris pour les Uncanny X-Men, scénarisés par Chris Claremont.

L'édition originale de Marvel se trouve pour environ 100€. Quelques années plus tard, Panini adapta en X-Women en italien, y ajoutant les ex-libris. Les prix sont beaucoup plus raisonnables. Panini publia également une version française (sur le modèle de l'édition Italienne), mais elle est introuvable.

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