Joe d'Amato est aujourd'hui au panthéon des réalisateurs de X. Il était l'un des derniers grognards d'une génération venue du cinéma bis. Il représentait aussi les errements et la déchéance du cinéma italien.
Son père était électricien à Cinecitta et le petit Aristide Massaccesi traina donc très tôt sur les plateaux et à l'heure du lycée, il s'y faisait de l'argent de poche. A seulement 17 ans, en 1953, il rejoignit son père. Il travailla ensuite comme assistant, puis comme directeur photo. En 1972, il réalisa son premier film Planque-toi, minable, Trinita arrive !, un western-spaghetti fauché. Massaccesi tournait plusieurs films par an, assurant également la production, la photo ou le scénario. Il signait des western-spaghetti, des comédies légères, des films d'actions... Son truc, c'était tout de même le gore et les films de zombies. Il prenait un pseudonyme par genre et par poste. A l'époque, à Hollywood, les réalisateurs italo-américain (Martin Scorcèse, Francis Ford Coppola, Michael Cimino...) ont le vent en poupe, d'où ce "Joe d'Amato". A la fin des années 70, il récupéra Laura Gesmer, la "black Emmanuelle". Avec elle, il signa plusieurs Emmanuelle (dont des épisodes où elle est face à des zombies et des cannibales !), au mépris du copyright. Puis ce fut Ator, un sous-Conan le Barbare. Au milieu des années 80, l'heure était aux téléfilms érotiques. La TV a tué Cinecitta et les petits cinéma italien. Lorsque l'érotisme battit de l'aile, il ne restait plus que le porno hard. Du jour au lendemain, en 1993, d'Amato passa donc au hard. Un de ses premiers films fut un Marco Polo avec une Tabatha Cash à son apogée et un Rocco Siffredi encore peu connu...
En 1996, d'Amato fêtait ses 60 ans. Ca ne l'empêchait pas de continuer de tourner à la chaine, au rythme de 10 films par an. Pour gagner du temps et de l'argent, il utilisait des "stock-shots", des chûtes de pellicule. Il y avait une promo sur les péplums. D'où son goût pour les films en toges... Après Les travaux sexuels d'Hercule, voici Les nuits d'amour d'Antoine et Cléopâtre. Un film très vaguement inspiré du Cléopâtre de Joseph Mankiewicz. La Brésilienne Olivia del Rio était Cléopâtre et le Turc Hakan Serbes (qui venait de jouer Hercule), Antoine.
Le pitch était simplissime. César se fait assassiner à Rome. Antoine débarque en Egypte et une chose en entrainant une autre, il console Cléopâtre, sa veuve. A Rome, il délaisse sa femme, qui trouve réconfort dans les bras de ses esclaves (hommes et femmes.) Pendant ce temps, Cléopâtre prend le bain avec ses servantes...
C'est extrêmement fauché et les raccords avec les stock-shots sont à pleurer de rire. Pour autant, la magie opère. Olivia del Rio était belle avec son maquillage pseudo-égyptien et c'était une authentique "anal queen" (alors qu'en 1996, les sodomies étaient encore réservés aux second rôles.) Quant à Hakan Serbes, jeune premier musclé et bien membré, il était crédible en empereur ambitieux.
Joe d'Amato reprit immédiatement la caméra. Il tourna notamment un Rocco et les sex mercenaires, puis un Selen. Il reçu un hommage pour ses productions dans le gore, puis il passa l'arme à gauche, en 1999. Joe d'Amato était l'un des derniers à croire qu'un film X devait avoir un scénario et une histoire (fut-elle bancale.) Hasard ou coïncidence, à sa mort, le porno-gonzo commençait à débarquer... Signalons que Les nuits d'amour d'Antoine et Cléopâtre fut souvent diffusé à la TV. Notamment en tant qu'incontournable film du premier samedi du mois de Canal +...
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