Secrétariat privé (1980)

Ah, le début des années 80... Le temps des films tournés avec des caméras argentiques et projetés dans des cinémas pornos. La "parenthèse enchantée" entre l'arrivée de la pilule contraceptive et celle du sida...

Secrétariat privé n'est pas "le" film de cet époque, mais il en porte tous les codes.
Comme d'autres réalisateurs de cette génération, Claude-Bernard Aubert a débuté dans le cinéma "normal". C'était même un réalisateur engagé, évoquant la guerre en Indochine (qu'il a vécu en tant que reporter de guerre), le racisme ou l'occupation. Il atteint son apogée en 1973, lors de l'Affaire Dominici avec Jean Gabin dans le rôle principal.
L'histoire ne dit pas pourquoi subitement, en 1976, Aubert s'est lancé dans le X sous le nom de Burd Tranbaree. En tout cas, pendant 8 ans, il réalisa une trentaine (!) de pornos, à travers sa maison de production, Shangrila. Il fut d'ailleurs, l'un des principaux employeurs de Brigitte Lahaie.
Secrétariat privé débute dans une ambiance typique. Jean-François est un patron de PME parisien. Les affaires sont bonnes, il se tape sa secrétaire et habite dans un appartement avec une employée de maison (qu'il se tape aussi.) Sa femme a pris la secrétaire de son mari comme maitresse. Ce n'est donc plus un triangle amoureux, mais un carré ! Comme souvent, à l'époque, le scénario s'épuise à mi-métrage. Alors la relance tombe du ciel : Jean-François va commercialiser un godemichet doré, qui garanti un orgasme aux femmes ! Puis l'associé (et meilleur ami) du patron s'invite dans le carré amoureux, tandis que les différentes femmes essayent le fameux gode...

Sur le fond, on a un scénario assez creux et des scènes assez soft (d'ailleurs, il n'y a même pas de plans de pénétration.) Les acteurs ne sont pas des Apollon et des Aphrodite. Mais tout est dans le jeu des acteurs (avec de vrais dialogues) et la mise en scène, notamment la relation amoureuse entre l'épouse et la secrétaire. C'est un téléfilm avec des scènes de fesses. Depuis, hélas, on a sacrifié la forme des films X...
En 1984, la vidéo débarqua. On pouvait tourner plus vite, avec une équipe réduite. De plus, les clients préféraient acheter des cassettes dans les sex-shops et les regarder chez eux, plutôt que d'aller se masturber au cinéma X, au milieu des autres... En quelques années, c'est tout un modèle économique qui mourut. Aubert tenta un retour au cinéma "traditionnel". Mais là, c'est la TV qui avait changé les règles du jeu, éliminant les petites productions indépendantes et les sujets qui fâchent (sa spécialité.)

Aubert prit donc sa retraite.

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