Un Shunga

Voici un cas de gode-ceinture médiéval ! En l'occurrence, un shunga du XVIIe siècle. Une Japonaise pénétrait une Japonaise avec un masque de Tengu (démon à long nez.) Le nez servant bien sûr de pénis de substitution.
Les shunga étaient des estampes érotiques. A l'origine, elles avaient une vocation médicale, éducationnelle, voire de simplement rapporter la sexualité des Japonais. Mais les prix flambèrent et les artistes réalisèrent des estampes toujours plus crues, avec homosexualité (masculine et féminine), sado-masochisme, travestissement et même zoophilie ! Et souvent, les protagonistes avaient des organes génitaux hypertrophiés (rondins de bois en guise de sexe, vagin si béant qu'un homme entier peut entrer dedans, etc.) Disons-le crûment, ils servaient sans doute à exciter les riches Japonais...

Difficile de connaitre le vrai du faux sur la sexualité à l'ère Edo. D'une part, les Japonais étaient les rois de l'euphémisme (ainsi, shunga signifie juste "images du printemps".) D'autre part, il y avait parfois des amitiés très fortes (y compris entre personnes du même sexe), sans que ça se finisse forcément au lit. Le fundoshi (sous-vêtement traditionnel) n'était porté que par les hommes. Il était donc normal de voir une vulve apparaitre dans l’entrebâillement d'un kimono... Mais à la du XIXe siècle, avec l'ère Meiji, fini de rire. Le Japonais s'inspira de l'occident, en particulier de l'Angleterre Victorienne. Pour autant, pas question de passer pour un vil copieur. Les historiens réécrivirent l'histoire. Le Japon ne s'est pas modernisé ; il a toujours été moderne. On fit comme si le puritanisme avait toujours été de mise. Ensuite, en 1945, les Américains débarquèrent sur l'archipel avec des images de geisha soumises et d'un imaginaire érotique très fertile (à une époque où les Américaines se mariaient vierge et où les acteurs faisaient lit à part dans les séries TV.)  Des petits malins leur fourguèrent donc des prostituées bas de gamme et des images érotiques (dessins et photos) en leur promettant que c'était "venu des temps anciens."
Or, difficile aujourd'hui de toucher aux dogmes énoncés à l'ère Meiji. C'est un sujet très touchy dans un Japon nationaliste.
Le plus probable est qu'à l'ère Edo, il existait une sexualité des citadins et de l'aristocratie (y compris au sein du clergé) où homosexualité et prostitution étaient à peine cachés. Mais par contre, dans la paysannerie, on bastonnait invertis et couples adultérins...

Pour finir, mesdames, n'essayez pas de pénétrer votre compagne avec un masque japonais. Il étaient en bois et à la longue, le bois, ça se ponce. Et quand un bois est poncé, des échardes apparaissent...
Notez que l'on trouve aujourd'hui des masques Tengu, façon gode-visage, en latex. Et n'oubliez pas de bien lubrifier...

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