Interview : Kiteh Kawasaki

Pas facile d'interviewer Kiteh Kawasaki ! Elle le reconnait elle-même, elle est très cassante. La première fois, en guise de réponse, elle m'avait envoyé un meme. Mais en tant que Japonaise, ex-actrice de X en Californie, reconvertie prostituée dans le Nevada, elle a un parcours intéressant. D'autant plus qu'elle a son franc-parler ! Elle vient d'ailleurs de se faire virer de Twitter, après avoir dit au gouverneur démocrate Steve Sisolak (qui a fermé les maisons closes face à la pandémie de COVID) de "bouffer de la merde et de crever" ! Trois ans plus tard, j'ai réussis à rouvrir un canal de contact et cette fois, elle accepte de répondre à mes questions. Même si le début de l'interview fut ardu...
Comparez sa vision de la prostitution avec celle de Sable Renae, également prostituée dans le Nevada.
 

Toi qui es Japonaise, comment es-tu arrivée aux Etats-Unis ?
En Boeing.
Essayons autrement... Qu'est-ce qui t'as poussée à devenir travailleuse du sexe ?
Je suis issue d'une lignée ininterrompue d'onnabu-geisha (NDLA : guerrières dans le Japon féodal.)
Tu as été actrice porno. Pourquoi as-tu arrêté après quelques tournages ?
Je ne suis pas parti moi, c'est l'industrie du porno qui a disparu !
Qu'est-ce qui a provoqué sa disparition ?
Manwin (NDLA : Pornhub, RedTube mais aussi Brazzers et Trans Angels) ont anéanti l'industrie US de la Porn Valley (NDLA : San Fernando Valley, près de Los Angeles.) Los Angeles l'a achevée avec la Proposition 60 (NDLA : qui aurait imposé le préservatif et contrôlé la pré et la post-production, au nom de la lutte contre les IST.) Il ne reste plus que des scènes payées 200$ (170€) et des cam girls.
Quand as-tu rejoint le Moonlite Bunny Ranch ? (NDLA : célèbre maison close du Nevada, où c'est légal.)
2015. C'était le bon temps...
A la belle époque, tu prenais combien de clients par jour ?
(Rires) Ce n'est pas comme cela que les prostituées légales travaillent. Si j'avais de la chance, j'avais un client VIP par mois. Homme ou femme. Je ne faisais pas de passe bas de gamme.
C'est quoi, le pack VIP ?
Rien de précis. La passe au Moonlite Bunny Ranch est tarifée à l'heure ou pour toute la nuit. Ils peuvent nous emmener autre part, pour une visite des lieux touristiques du Nevada. (NDLA : mais interdiction de quitter l'état.)
Côté sexe, qu'est-ce que tu refuses de faire ?
La loi impose un suivi sérologique aux prostituées, mais pas aux clients. La loi impose aussi un sexe protégé (avec préservatifs.) On a un statut de travailleuses indépendantes. Je fais tester les clients intéressés par une "Girlfriend Experience" (GFE, euphémisme pour une passe.) Pas les autres filles. Les autres non définitif, c'est le sang, les trucs scato, la drogue, la soumission et les racailles.
Tu as eu des bons moments ?
Dennis... (NDLA : Hof, le fondateur du Moonlite Bunny Ranch.) C'était l'Américain le plus rafiné, le plus gentil, le plus protecteur et le plus généreux que je n'ai rencontré. Tu as vu son speech à Oxford ? Ron Jeremy et lui ont volontairement joué les gardes du corps, au Husteler's Club d'Hollywood, où je faisais un show de strip-tease, lors de l'Asiamodelpalooza. Ron a toujours été poli avec moi. Depuis, l'Amérique a complètement fait naufrage.
Ron Jeremy est en pleine tempête, actuellement... (NDLA : il a été mis en examen pour 20 chef d'accusations de viol, d'agression sexuelle et de harcèlement sexuel de la part de 12 femmes de 15 à 54 ans.) Tu continues malgré tout de le soutenir ?
Ron s'est affiché publiquement comme patriote. Les gauchistes d'Hollywood ont juré de l'abattre.
Désormais, à cause du COVID, tu es au chômage forcée. C'était quand, ton dernier client ?
Il y a six mois. Tu le crois, ça ? Les Etats-Unis laissent un gouverneur démocrate bafouer un droit essentiel.
Où tu te vois, dans 10 ans ?
Morte (rires.) Je suis du genre pessimiste.
Si tu avais une fille, tu la pousserais à prolonger la tradition familiale ?
Je suis réserviste des forces d'autodéfense Japonaises. J'ai été mobilisée pour Fukushima. Les radiations m'ont stérilisée, pendant que j'aidais les blessés. Je n'aurais jamais de fille et je ne pourrais pas voir ce qui est mieux, le job qui paye le mieux les femmes ou être payée pour tirer sur des gens.

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