Hokusai Shunga

Taschen vient de publier un recueil des lithographies érotiques d'Hokusai. L'occasion de découvrir une facette méconnue de l'artiste.


Hokusai (vers 1760-1849) est sans doute l'un des peintres Japonais les plus célèbres. En occident, on l'imagine comme un vieux sage. Un Paul Cézanne nippon ; ses trente-six vues du Mont Fuji faisait écho aux près de quatre-vingt vues de la Montagne Sainte Victoire de l'Aixois. Son choix de couleurs vives et d'une nature en mouvement inspira d'ailleurs les impressionnistes.


Déjà Hokusai ne fut que l'un de ses nombreux pseudonymes. Surtout, il fut un artistes prolifiques - même s'il s'offrit des années sabbatiques -. Il peignit notamment des shunga. 

Ces "images du printemps" étaient des estampes érotiques. Elles étaient tolérées, dans le Japon féodal, tant qu'elles n'allaient pas sur des thèmes religieux. 


Hokusai ne fut ni le premier, ni le dernier à peindre des shunga, mais il en fut l'un des plus doués.

Les shunga sont très codifiés. Généralement, les corps sont vus de profils, côté gauche. Des corps qui s'entortillent, pour montrer à la fois la pénétration et les visages.


Même si Hokusai n'hésitait pas à s'affranchir des codes, pour s'approcher d'avantage de la réalité.

Certains comparent les shunga à l'hentai contemporains. Ca n'a rien à voir. L'hentai, c'est généralement la figure de l'adolescent peu formée. Ici, on a des vulves aux grosses lèvres atrophiées, avec des toisons pubiennes touffues.
Quant aux sexes masculins, ils sont énormes et traversés de veines.


Parmi les shunga d'Hokusai, on trouve les classiques amours galantes de notables et de geisha...

Mais le mot d'ordre du maître, semble être "tout le monde baise, tout le temps, partout" ! Même dans les rizières, même dans les bains publics, même lorsque madame est en train de langer le petit dernier...

L'occasion de scènes foisonnantes, à la Brueghel.


Parmi ses lithographies, on note une surreprésentation des lesbiennes. Il n'existait pas de culture lesbienne (ou gay) dans le Japon féodal. Il s'agissait de préférences individuelles. Certaines femmes fréquentaient les maisons closes, mais il n'existait même pas de mot pour décrire le saphisme !


A ses heures, Hokusai réalisait des études, dans un but pédagogique. Il étudia ainsi les différents sex-toys et godemichets.


Les lesbiennes étaient l'occasion de mettre en scène ces godemichets.

Apparemment, l'homosexualité masculine ne l'intéressait pas. Parmi ses shunga, on trouvait cette unique scène d'un homme sodomisant un travesti - un acteur de théâtre ne jouant que des rôles féminins -.


Et une seule sodomie sur une femme.


Enfin, son fameux Rêve de la femme du pécheur. Un ancêtre involontaire du tentacle porn.

Et une profusion de voyeurs (ou plutôt, de voyeuses...), qui se caressent tout en assistant aux ébats.

Hokusai nous (dé)peints ainsi un Japon féodal lubrique, loin de l'image que l'on connaît. Cet ouvrage est un peu cher, mais vous en avez pour votre argent !

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