Emmanuelle, ce n'est pas un film X. Mais c'est le film qui a lancé l'érotisme en France (voir en Europe.) Il est au X ce que Benny B fut au rap français...
Au début des années 70, la censure vacille. Les cinéastes essayent de voir jusqu'où ils peuvent pousser le bouchon. Lorsque Roger Vadim adapta la BD érotique Barbarella, en 1968, il était avant tout dans la suggestion. Le dernier tango à Paris (1972) se voulait beaucoup plus transgressif avec sa scène de sodomie. Mais il y avait un alibi culturel, voir intellectuel.
Pourquoi ne pas aller plus loin avec l'adaptation du livre érotique, pas vraiment intello et en montrant des corps dénudés ? Emmanuelle est donc une vague adaptation du livre éponyme de Marayat Bibidh (alias Emmanuelle Arsan), qui est lui-même vaguement autobiographique. Just Jaekin, alors photographe de mode réputé, tient la caméra. Pierre Bachelet assure la chanson-titre, sur des parôles de Serge Gainsbourg, tout de même.
Emmanuelle Arsan est Thaïlandaise. Dans le livre, Emmanuelle est une métisse Eurasienne. Néanmoins, Jaekin tient mordicus à offrir le rôle à Sylvia Kristel, une secrétaire Néerlandaise. Le vétéran Alain Cuny, qui souhaite un suicide artistique, est de la partie. Tout comme Christine Boisson, alors débutante.
Le scénario est simple. Emmanuelle débarque en Thaïlande, où l'attend son mari. Puis elle couche à droite et à gauche, parmi les expatriés occidentaux. D'abord un peu effarouchée, elle se libère petit à petit et prend gout au saphisme...
La troupe tourne en Thaïlande. Mais le pays n'apprécie guère les films érotiques (et ils n'étaient pas au courant que c'en était un.) L'équipe est expulsée et les dernières scènes sont filmées en France !
Vu de 2017, le "très suggestif de 1974" laisse rêveur. Christine Boisson se caresse sans enlever sa culotte. Sylvia Kristel fait l'amour dans un lit avec moustiquaire, puis elle se frotte à Marika Green. Bref, pas de quoi réveiller popaul...
Mais en 1974, par contre, les censeurs frôlent la crise cardiaque ! Du tribadisme, des relations interraciales, de la masturbation féminine ! Un temps purement et simplement interdit, il est finalement seulement interdit aux moins de 16 ans.
C'est très vite un carton en salle. Pendant 10 ans, il est projeté dans un cinéma parisien. Les cars de touristes japonais se garent devant pour y voir des femmes nues. Des garçons fêtent leur 16 ans en s'offrant une séance d'Emmanuelle. Au total, 9 millions de personnes l'auraient vu rien qu'en France. Et c'est sans compter les nombreuses rediffusions à la TV...
Tout le monde comprend que c'est la poule aux œufs d'or. Emmanuelle Arsan avait déjà écrit un Emmanuelle 2, l'antivierge. Un obscur tâcheron, Francis Giacobetti, est chargé de le mettre illico-presto en images ! Il vaut son pesant d'or pour l'une des premières apparitions de Fabrice Lucchini !
L'écrivain avait déjà d'autres livres sous le bras. Mais les producteurs n'en ont que faire. Un peu d'exotisme, quelques scènes d'amour et c'est marre ! Sylvia Kristel rend son tablier au 4e film. Pas grave, on décide que l'esprit d'Emmanuelle peut se transmettre à d'autres femmes ! Francis Leroi, plus connu pour ses films pornos, en tourne une demi-douzaine. Jean Rollin tourne un Emmanuelle 6 pour pouvoir manger à sa faim. Puis Sylvia Kristel décide de reprendre son rôle, dans les années 90 (faute d'offres "sérieuses".) Le point final de la série est en 1993, avec Emmanuelle au septième ciel...
C'est sans compter les copies de plus ou moins mauvaises foi. Joe d'Amato trouve sa "black Emmanuelle" Laura Gemser, qu'il balade à la fin des années 70. Jean-Marie Pallardy tourne un Emmanuelle in Bangkok avec une certaine Sylvia Castell. Il y a eu des Emmanuelle chez les extraterrestres, des Emmanuelle chez les zombies, des Emmanuelle dans le futur et même un "Emmanuel" avec des travestis !
Emmanuelle, c'est aussi les débuts de l'hypocrisie. Just Jaekin tourne ensuite Histoire d'O et Gwendoline, avant de se renier. Sylvia Kristel eu une carrière appréciable dans les années 70-80 (même s'il s'agissait essentiellement de rôles où elle devait se dénuder.) Puis, faute de mieux, elle reprit Emmanuelle jusqu'à ce que le filon soit épuisé. Ensuite, elle exige qu'on lui parle du film le moins possible. Idem pour Christine Boisson et Fabrice Lucchini, qui l'ont viré de leur CV...
Au début des années 70, la censure vacille. Les cinéastes essayent de voir jusqu'où ils peuvent pousser le bouchon. Lorsque Roger Vadim adapta la BD érotique Barbarella, en 1968, il était avant tout dans la suggestion. Le dernier tango à Paris (1972) se voulait beaucoup plus transgressif avec sa scène de sodomie. Mais il y avait un alibi culturel, voir intellectuel.
Pourquoi ne pas aller plus loin avec l'adaptation du livre érotique, pas vraiment intello et en montrant des corps dénudés ? Emmanuelle est donc une vague adaptation du livre éponyme de Marayat Bibidh (alias Emmanuelle Arsan), qui est lui-même vaguement autobiographique. Just Jaekin, alors photographe de mode réputé, tient la caméra. Pierre Bachelet assure la chanson-titre, sur des parôles de Serge Gainsbourg, tout de même.
Emmanuelle Arsan est Thaïlandaise. Dans le livre, Emmanuelle est une métisse Eurasienne. Néanmoins, Jaekin tient mordicus à offrir le rôle à Sylvia Kristel, une secrétaire Néerlandaise. Le vétéran Alain Cuny, qui souhaite un suicide artistique, est de la partie. Tout comme Christine Boisson, alors débutante.
Le scénario est simple. Emmanuelle débarque en Thaïlande, où l'attend son mari. Puis elle couche à droite et à gauche, parmi les expatriés occidentaux. D'abord un peu effarouchée, elle se libère petit à petit et prend gout au saphisme...
La troupe tourne en Thaïlande. Mais le pays n'apprécie guère les films érotiques (et ils n'étaient pas au courant que c'en était un.) L'équipe est expulsée et les dernières scènes sont filmées en France !
Vu de 2017, le "très suggestif de 1974" laisse rêveur. Christine Boisson se caresse sans enlever sa culotte. Sylvia Kristel fait l'amour dans un lit avec moustiquaire, puis elle se frotte à Marika Green. Bref, pas de quoi réveiller popaul...
Mais en 1974, par contre, les censeurs frôlent la crise cardiaque ! Du tribadisme, des relations interraciales, de la masturbation féminine ! Un temps purement et simplement interdit, il est finalement seulement interdit aux moins de 16 ans.
C'est très vite un carton en salle. Pendant 10 ans, il est projeté dans un cinéma parisien. Les cars de touristes japonais se garent devant pour y voir des femmes nues. Des garçons fêtent leur 16 ans en s'offrant une séance d'Emmanuelle. Au total, 9 millions de personnes l'auraient vu rien qu'en France. Et c'est sans compter les nombreuses rediffusions à la TV...
Tout le monde comprend que c'est la poule aux œufs d'or. Emmanuelle Arsan avait déjà écrit un Emmanuelle 2, l'antivierge. Un obscur tâcheron, Francis Giacobetti, est chargé de le mettre illico-presto en images ! Il vaut son pesant d'or pour l'une des premières apparitions de Fabrice Lucchini !
L'écrivain avait déjà d'autres livres sous le bras. Mais les producteurs n'en ont que faire. Un peu d'exotisme, quelques scènes d'amour et c'est marre ! Sylvia Kristel rend son tablier au 4e film. Pas grave, on décide que l'esprit d'Emmanuelle peut se transmettre à d'autres femmes ! Francis Leroi, plus connu pour ses films pornos, en tourne une demi-douzaine. Jean Rollin tourne un Emmanuelle 6 pour pouvoir manger à sa faim. Puis Sylvia Kristel décide de reprendre son rôle, dans les années 90 (faute d'offres "sérieuses".) Le point final de la série est en 1993, avec Emmanuelle au septième ciel...
C'est sans compter les copies de plus ou moins mauvaises foi. Joe d'Amato trouve sa "black Emmanuelle" Laura Gemser, qu'il balade à la fin des années 70. Jean-Marie Pallardy tourne un Emmanuelle in Bangkok avec une certaine Sylvia Castell. Il y a eu des Emmanuelle chez les extraterrestres, des Emmanuelle chez les zombies, des Emmanuelle dans le futur et même un "Emmanuel" avec des travestis !
Emmanuelle, c'est aussi les débuts de l'hypocrisie. Just Jaekin tourne ensuite Histoire d'O et Gwendoline, avant de se renier. Sylvia Kristel eu une carrière appréciable dans les années 70-80 (même s'il s'agissait essentiellement de rôles où elle devait se dénuder.) Puis, faute de mieux, elle reprit Emmanuelle jusqu'à ce que le filon soit épuisé. Ensuite, elle exige qu'on lui parle du film le moins possible. Idem pour Christine Boisson et Fabrice Lucchini, qui l'ont viré de leur CV...
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