Pornhub veut s'acheter une conduite

Ce mardi 8 décembre fera date dans l'histoire de Pornhub ! Le tube a diffusé une suite de consignes. 

Avec deux points mis en avant :
1) La lutte contre les vidéos piratées. Toute personne (physique ou morale) postant des vidéos devra prouver qu'il en est l'ayant droit. Impossible aussi de reposter des vidéos. De plus, les logiciels de téléchargement seront bloqués. Seules les personnes disposant d'un compte premium pourront télécharger légalement des vidéos.
2) La lutte contre la pédopornographie. D'une part avec le "red team" interne et d'autre part, via une série d'ONG. Le "red team" fera également la chasse au harcèlement en ligne, au revenge porn, etc.

La manœuvre de Pornhub est très stratégique. Ne soyons pas naïfs, ils n'ont aucun scrupules. Le tube a atteint un niveau de popularité sans précédent. C'est devenu une marque forte. Mais du fait de cette notoriété, il est sous le feu des critiques.
Ignorer les critiques ou prétendre ne pas pouvoir se réformer, c'est s'exposer à davantage de pression. Pression qui se reportera sur les FAI, qui finiront par bloquer PornHub. Comme ils l'ont fait avec le P2P (après des années de complaisance.) La pédopornographie étant le cheval de Troie des croisés anti-porno.
Comme YouTube ou Facebook en son temps, Pornhub a du se doter d'un shériff. A court terme, c'est une contrainte. Mais sur le long terme, c'est un avantage-compétitif face à ses rivaux XVideo et XHamster. Pornhub se présente comme une plateforme régulée, donc honorable. A la fois pour le grand public, mais aussi les producteurs de X. Car les maisons de productions sont exaspérées de voir leurs scènes piratées en intégralité sur PornHub...
Car le second effet Kiss Cool de cette annonce, c'est le "qui" et le "quoi" seront diffusés. Ce que dessine le tube, c'est qu'à terme seuls les membres de Modelhub (NDLA : le Manyvids de Pornhub) et les producteurs partenaires pourront diffuser sur la plateforme. En résumé, il faudra montrer patte blanche, voire payer. Ces dernières années Mindgeek (Pornhub), WGCZ (XVideo) et Gamma Entertainment ont multiplié les acquisitions et les partenariats. Il y a une course au contenu exclusif. Le tube pourrait profiter de sa position hégémonique pour dire aux producteurs indépendants : "Soit vous me mettez une exclusivité sur cette scène, soit je vous déplateforme."
De même, quid des contenus sulfureux ? Récemment, le producteur Pascal OP a été mis en examen pour agression sexuelle et proxénétisme. Faut-il retirer les scènes qu'il a tourné, alors qu'il y a un doute sur le consentement des protagonistes ? Faut-il agir tout de suite, quitte à se baser sur des rumeurs, avec des gens pourtant jamais condamné (Christian XXX, James Deen...) voire blanchis à l'arrivé (comme Tony T) ?
Le dernier point, c'est qu'en se donnant un air respectable, le tube souhaite également engranger davantage de revenus. Actuellement, il n'a que des annonceurs de troisième zone (pilule miracle pour faire gonfler le sexe, sites de rencontre louches, etc.) Un site plus respectable pourrait donc attirer de meilleurs annonceurs et donc réaliser davantage de profit. Enfin, ce toilettage pourrait également servir en vue d'une introduction en bourse.



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