Ne dis pas que tu aimes ça

Hier, j'ai évoqué le mythe Katsuni. Voici la personne derrière le mythe : Céline Tran. Elle raconte son histoire dans Ne dis pas que tu aimes ça. Sorti en 2018 chez Fayard, le voici en version augmenté à La Musardine.

J'ai des a priori négatifs sur les livres de personnes publiques. Là, c'est une agréable surprise. Un ouvrage plus personnel que bien des autobiographies...

Céline Tran raconte son histoire via une série de tableaux. Sans forcément expliquer ce qu'il se passe entre deux scènes.
Le livre s'ouvre sur une soirée estudiantine, où la jeune étudiante s'ennuyait. Elle discuta avec une strip-teaseuse, puis elle se lança dans l'effeuillage et de rencontres en rencontres, la Grenobloise se retrouva actrice de X à Paris.
On est au début des années 2000. C'était la fin des années VHS et du film du samedi de Canal +. La mort d'Alain Payet est très symbolique. Marc Dorcel ne jurait que par les blondes, alors Céline Tran l'Eurasienne signa avec Colmax. Il faut noter que les autres actrices Asiatiques, en Europe, n'ont souvent qu'un prénom (cf. Yoko, Bamboo, Libellule/Priva, Katana, Poopea...) Même aujourd'hui, elles n'ont généralement que des seconds rôles, le temps d'une scène en geisha. Les producteurs pensaient sûrement que Katsumi n'allait pas durer davantage.
Aussi téméraire devant une caméra, que sans, Katsumi tenta sa chance aux Etats-Unis. C'était la queue de comète des long-métrages à gros budget. Elle évoque Digital Playground, Vivid et Wicked, les trois colosses (complètement moribonds aujourd'hui.) L'actrice devint une star (au point qu'un studio lance un film avec une fausse Katsumi !) et elle enchaina les AVN Awards. Un statut inédit pour une actrice Française.
Céline Tran décrit la vie de Katsumi comme s'il s'agissait d'une autre personne. Un double sans limite. De sa vie passé, elle préfère retenir les bons moments. Tous les travers du milieu (les partenaires violents, la drogue, la prostitution, les IST, les escroqueries, les problèmes psychologiques de certaines actrices...) sont à peine évoqués. Pas de scènes très torrides, non plus.
L'actrice dut revenir en France pour un procès intenté par une femme dont le vrai nom était Katsumi. Ensuite, elle dut changer son pseudonyme en Katsuni. Internet avait pris le pas et le gonzo adorait le porno "ethnique". Le revers de la médaille de sa célébrité, c'est qu'il était difficile d'avoir une vie amoureuse. Elle enchaina les relations aussi passionnées que sans issue.
Nouvelle mutation du porno, avec les scènes taillées pour les moteurs de recherches, à coup de tags et de mot-dièses. Mal à l'aise dans ce nouveau monde, elle raccrocha. Céline Tran liquida Katsuni et tenta différentes reconversions. Il s'agissait de trouver quelque chose qui lui plait...

Un livre avant tout sur la quête de soi et le mirage d'une célébrité très superficielle.

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