XXX

Après Eros, voici XXX, le second recueil de croquis de Paolo Eleuteri Serpieri. Rappelons que ces deux albums aux éditions Glénat sont basés sur les Druuna X.

Avec un auteur comme Serpieri et un titre comme XXX, on s'attend à du très chaud, voire de incandescent !

On est servi presque d'emblée avec ce cunnilingus très explicite et assez vulgaire.

Le ton est donné : des images de pornographie hard, entrecoupées d'interviews de l'auteur. Il se défend ainsi de faire dans l'érotisme intello... Alors qu'Eros, avec ses nus artistiques et ses citations antiques, c'est justement de l'érotisme intello !

Paolo Eleuteri Serpieri a longtemps récusé le fait d'être un pornographe. Il était un auteur de BD de science-fiction, point. Il a ainsi refusé un film porno Druuna et il a par contre autorisé une adaptation en jeu vidéo... Mais sans nudité !

En pleine vogue porno-chic, il a viré sa cuti :  il a toujours été un pornographe. Cela donna des scènes plus explicites, avec davantage de sodomies. Ici, on a donc de nombreux croquis de Druuna sodomisée.

D'après l'auteur, la sodomie, c'est la maturité sexuelle ! Même aujourd'hui, les actrices de X Américaines rechignent à donner leurs fesses. Alors qu'en Europe, en particulier en France, c'est devenu quasi-systématique dès les années 90.
Les Américains préfèrent se focaliser sur les seins et l'auteur y voit un infantilisme.

Lui, il est mûr, donc Druuna se fait souvent enculer ! Et lors des rapports sexuels, elle est souvent dessinée de dos. Ainsi, lors des pénétrations vaginales, on a une vue imprenable sur son anus béant !

Paolo Eleuteri Serpieri défini Druuna -selon ses propres termes- comme un pute. Pas une courtisane ou une call-girl qui utiliserait le sexe pour obtenir un statut social ou de l'aisance financière.

Non, une prostituée qui effectue des passes pour survivre.

Dans l'une des toutes premières scènes de Morbus Gravis, elle se fait sodomiser contre quelques doses de sérum pour soigner son copain. Et tout en se faisant sodomiser par le responsable du dispensaire, elle négocie le nombre de doses !

Le monde de Druuna est un univers très hostile. L'héroïne se retrouve souvent prise au piège. Dans ce premier album, elle comprend qu'avec le sexe -en particulier la sodomie-, elle dispose d'une monnaie d'échange. C'est un moyen de négocier un laisser-passer, de convaincre quelqu'un de l'aider ou tout simplement, de gagner du temps.
A partir de là, ce recours devient systématique. Au point de s'étonner que Bidule soit gentil avec elle, sans exiger de contreparties.

Au fil des albums, Druuna est régulièrement droguée, puis elle est victime d'hallucinations érotiques. Elle se retrouve quasiment en permanence en chaleur. On ne sait plus trop si les rapports sont consenties ou non.

L'auteur se contente de dire "qu'elle aime tout le monde". Comme ici, où elle offre une dernière gâterie à un pendu.

Il la dessine s'accouplant avec des statues ou des androïdes, dont seul le sexe -masculin- est vivant. Ainsi que des monstres composés uniquement de sexes. Comme si c'était la seule chose qui comptait pour Druuna...

Le quotidien de l'héroïne, c'est d'être violée, d'assister à des morts violentes et d'avoir ces hallucinations, à ne plus distinguer la réalité de la fiction. Elle évolue dans un univers sombre, sans aucun issue.
Pourtant, c'est une éternelle optimiste, qui a la tête sur les épaules. Paolo Eleuteri Serpieri a clairement négligé la psychologie de Druuna. Pour les préquels, les auteurs semblent y refléchir davantage.

Dans cet album, on voit différentes techniques de dessin. Différents stades, également. Il y a même plusieurs scènettes :

Dans la série, presque tous les rapports sont hétérosexuels. Dans XXX, on voit des croquis de travestis (actifs ou passifs) et d'hommes sodomisés (par d'autres hommes ou ici, par Druuna équipée d'un gode-ceinture.) Un avant-goût du futur de la série ?

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