Tour de vis sur la censure

Depuis octobre dernier, l'état a voté une vérification poussée de l'âge des utilisateurs, aux sites pornographiques. Elle a été mise en place en février. Mais c'est depuis quelques jours que cela va plus loin, elle de facto, une interdiction des contenus "adultes" sur X (ex-Twitter.)

En pratique, depuis plusieurs mois, la plupart des sites affichent une page très sage, pour l'Europe (ici, celle de Tushy.) Si vous voulez en voir plus, il faut s'inscrire.

Et pour les sites de contenus (Onlyfans, ManyVids, etc.), il faut utiliser une application de reconnaissance faciale à chaque connexion.

L'idée part d'un bon sentiment : il faut restreindre l'accès des mineurs au porno. D'après une étude de 2023 de l'ARCOM, 2,3 millions de mineurs regardent chaque mois un site porno. 30% des mineurs ont vu au moins une fois du "contenu pour adulte". 500 000 mineurs entre 12 et 18 ans regardent du porno tous les jours. Avec une écrasante majorité de garçons.

Qui pourrait donc dire : "Non, non, laissez les choses en l'état ! Il ne faut pas empêcher les mineurs de voir du porno !"

En 2016, l'Union Européenne voulait alerter sur la captation des donnés et la présence de mouchards. Cela donna le règlement général sur la protection des donnés (RGPD.) Depuis 2018, tous les sites affichent de gros placards pour vous prévenir qu'ils déposent des cookies.
La mauvaise blague, c'est que si vous visitez un site A, n fois, vous verrez n fois le message d'alerte. Souvent, ce message se charge lentement, voire très lentement. D'où une expérience très dégradée d'internet.

Le RGPD aurait dû être un avertissement. Qu'une bonne idée sur le papier peut se transformer en désagrément pour l'internaute.


Conséquences à court terme

Le premier grief, c'est la vérification de l'identité. La Grande-Bretagne a imposé une appli unique, Yoti. Vous scannez votre visage, votre profil est validé. Désormais, à chaque connexion, vous scannez le code QR et votre téléphone renvoi un message d'approbation au site.

Pour l'UE, il n'y a pas d'application imposée. Et elles sont toutes nulles. Des applications de reconnaissances faciales qui ont du mal à vous identifier. Des applications avec enregistrement... Mais sur lesquelles il faut se réenregistrer à chaque fois. Sur X, il faut carrément scanner sa carte d'identité (un privilège réservé aux titulaires d'un compte premium -donc payant -.) Et comme vous pouvez le constater, ça ne fonctionne pas.
Surtout, les sites pornos ont une tendance générale à aller vers le moins disant. Donc le moins sûre. Vous êtes en train de scanner votre carte d'identité, sans aucune garantie confidentialité. Autant la donner directement aux réseaux criminelles et aux escrocs !

Le deuxième grief, c'est que le postulat de départ, c'est que les mineurs utilisent les principaux sites, souvent payants. Quel gamin serait assez idiot pour s'inscrire sur un site payant ?

Non, ils vont faire des recherches sur Google. Ils tomberont sur des sites gratuits, non-censurés... Et souvent truffés de virus. EPorner ne vous demande même pas si vous avez plus de 18 ans !
Les plus malins prendront un VPN. Sans oublier les échanges d'images ou de vidéos, via les messageries des réseaux sociaux. Autant d'angles morts des mesures actuelles.

La mesure est donc inefficace, avec une prime aux tricheurs.

Les conséquences à long terme
Derrière cette restriction à l'accès du porno, il y a une infantilisation générale. Au lieu de responsabiliser les parents, c'est l'état qui doit intervenir. Notez d'ailleurs que sur les spots de prévention sur "l'utilisation des écrans", à aucun moment, on ne s'adresse aux parents.

Et à force d'être infantilisé, les gens se déresponsabilisent. Il n'y a plus de bon sens. Ils ont besoin que le président leur rappelle de boire de l'eau, lorsqu'il fait chaud...


En arrière-plan, on trouve également le grand retour de la pudibonderie. Dans un premier temps, c'était un portage tel quel des normes anglo-saxonnes, faisant fi de mœurs latines plus légères.

L'affaire French Bukkake avait été l'occasion de discréditer le X Français. L'objectif de la vérification de l'âge, c'est n'est pas de mettre au pas les sites pornos. Si la mesure entrainait la chute des sites ou l'inaccessibilité complète du porno en Europe, ça serai tant mieux.

La gauche hait le porno et plus généralement, le sexe. Le X y est qualifié de "viol consentit" (?) Surtout, les fantasmes défient la doxa gauchiste, ils créent une hiérarchie des corps et des comportements. En 2017, le groupe Insoumeetic, désormais aux rencontres au sein de l'extrême-gauche, fut un fiasco. Incroyable : des adultes avaient osé rechercher des relations d'un soir, voire mettre des critères physiques !

Et en arrière-plan, il y a un islamisme conquérant. Ce sont les champions du moralisme. Il suffit de lire les nombreux messages sur le thème des "péchés". Le discours feutré des islamistes sur les femmes qui "commettent des péchés" trouvent un écho à gauche.


Et puisque les adultes sont de grands enfants, c'est l'état qui va dire ce que l'on peut voir ou pas. La pornographie n'est qu'un ballon d'essai. Il y a quelques semaines, Aurore Bergé a annoncé un plan de "lutte contre la haine". Douze associations (dont plusieurs quasi-unipersonnelles et plusieurs sont des paravents des Frères Musulmans) joueront les gendarmes du net, alertant les autorités -avec un accès prioritaire-.
En Grande-Bretagne, la chasse aux "discours haineux" s'emballe. 5 332 personnes ont été interpellées pour des délits liés à internet de 2008 à 2016 (apologie de crime, pédocriminalité, etc.) En 2017, il y a 5 502 mises en examen. Sur la seule années 2023, on atteint 12 183 délits.

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