Le parfum de Mathilde (1994)


Après Joe d'Amato, voici un autre grand nom du X : Jean Rollin, pour une production Marc Dorcel. Rollin était un esthète. Sa mère fut un temps la compagne de George Bataille, durant la guerre. Quelques années plus tard, il se découvrit une passion pour le cinéma. En plein mai 68, il sorti son premier film, Le viol du vampire. Il adorait les histoires de vampires qui pourchassaient des lesbiennes (ou de vampires lesbiennes.) Comme d'Amato, il jouait souvent les homme-orchestre. Pour financer ses films de vampires, il commença à tourner des pornos (parfois avec les mêmes actrices que ses films "normaux".) En 1975, le classement X apparu en France, avec une surtaxe des bénéfices. Le filon n'était alors plus aussi rentable. Rollin devint lampiste chez Eurociné, tournant avec des moyens ridicules. Il toucha le fond avec Les trottoirs de Bangkok (1984), tourné en gros plans, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Il retourna à ses films de vampire. Et voilà comment, en 1994, il accepta de rempiler dans le X, afin de pouvoir manger à sa faim...

Christophe Clark est un aristocrate veuf, adepte des orgies. Il a déniché Draghixa, sosie parfait de sa femme disparue. La grande différence, c'est qu'autant cette dernière participait, voir organisait, les orgies de son mari, autant la nouvelle est vierge. Elle est déniaisé à la hussarde ! Sa tante se fait sodomiser devant elle, sur le capot d'une Rolls-Royce. A l'arrivée dans le manoir de son mari, ça continue ! Une servante nymphomane tente de l'initier au saphisme, suite à son refus, elle se fait prendre en double par deux hommes. Et après avoir assisté à d'autres scènes, elle est invité à un diner qui se change en orgie...

Signalons, dans ce film, la présence de Julia Channel (dont ce fut l'un des derniers rôles), de David Perry (dont c'est l'un des premiers rôles), d'Erika Bella (future star du X italien) et d'Elodie Chérie (vue dans Les visiteuses -tout comme Christophe Clark-.)

Jean Rollin jurait que le X avait trop changé et qu'on ne l'y reprendra plus. Effectivement, jusqu'à sa mort, il n'en tournera plus d'autres. Pourtant, dans Le parfum de Mathilde, on reconnaissait sa patte (notamment dans l'orgie finale.) On se serait presque attendu à voir Christophe Clark se changer en vampire !
Le producteur, Marc Dorcel, lui, fut visiblement emballé. Avec son air juvénile, Draghixa était crédible en jouvencelle. Non seulement Canal + diffusa le film, mais il connu un grand succès dans les bacs. Il faut dire qu'à l'époque des fausses blondes siliconées, Le parfum de Mathilde apportait un vent de fraicheur. Après cela, Dorcel tournera de nombreuses histoires, dans des manoirs, avec des châtelains lubriques et d'innocentes pucelles (La princesse et la pute, L'indécente aux enfers, Citizen Shane...) Cette ambiance bourgeoise, volontiers moquée par les autres producteurs, est depuis devenu la marque de fabrique des productions Dorcel. C'est même elle qui a permis au studio de faire face à l'arrivée du gonzo...


(photos copyright Dorcel.)

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