Ça faisait longtemps qu'il n'y avait pas eu d'interviews sur ce blog.
Jusqu'ici, j'ai surtout interviewé des actrices. Pourquoi ne pas poser des questions à ceux derrière la caméra ? De plus, j'évoque régulièrement de porno Japonais. Que s'y passe-t-il, une fois la caméra éteinte ?
Ça tombe bien : Kingdom Japorn a passé un week-end à Paris et en quelques DM, on a pu prendre rendez-vous. Il s'est confié à moi, sans tabous. Non seulement il répondait longuement à mes questions. Mais il n'hésitait pas à revenir sur une question antérieure pour clarifier un point. A un moment, au bar de son hôtel, il y a eu pas mal de monde et les gens ont commencé à écouter notre conversation. Du coup, on a du finir dans sa chambre.
Au moins, vous saurez tout sur le JAV !
Pour commencer, une question bateau : dans quel circonstances as-tu débuté dans le porno ?
Ça fait plus de 20 ans que je fais ça. Mon père est caméraman (NDLA : dans des films "tradis"), mais je n'aimais pas ce qu'il tournait ! Un jour, Quentin Tarantino a débarqué dans mon lycée, alors qu'il faisait une tournée promotionnelle au Japon. Je voulais devenir réalisateur, comme lui. Plus tard, j'ai répondu à une annonce pour être caméraman. C'était une maison de production de porno ! On m'a bien eu !
C'était comment, le JAV, dans les années 90 ?
Tu connais The naked director de Netflix ? C'est ma vie ! J'ai connu les VHS, puis la transition vers les DVD et enfin, le temps d'internet. J'étais dans l'équipe qui a filmé la toute première scène de Marica Hase. Au début, c'était mal vu de travailler dans le porno, puis l'industrie s'est développée. A l'époque, les cameramen étaient salariés des boites de production. Le Japon tournait 1 000 films par mois et on était bien payé. La censure impose de mettre des mosaïques sur les organes génitaux et les pénétrations. Alors les Japonais sont devenus des détraqués : ils fantasment sur les tenues, le maquillage, ils ont pas mal de fétiches, ils aiment le SM, etc.
Tu as fait l'acteur ?
Non, juste "blowjob actor". Un acteur, ça coute cher. Alors pour les fellations, l'actrice suce le caméraman (qui est payé quoi qu'il arrive.) Comme ça, la production réduit le temps d'utilisation de l'acteur !
L'argent, c'est le nerf de la guerre. Il y a trois classes d'actrices. Ou plutôt, il y avait trois classes d'actrices. Les stars, c'étaient les tantai. Elles tournaient une scène par mois et elles étaient payés 1 million de yen (8 200€.) En-dessous, il y avait les kikaku tantai. Elles tournaient entre huit et dix scènes par mois, pour un cachet mensuel de six cent mille yens (5 000€.) Et tout en bas, les kikaku. Leurs noms n'apparaissaient pas sur la jaquette. Elles se faisaient trente mille yens pour une scène sans sexe (250€) et deux cents mille yens (1 650€) s'il y avait du sexe. Sachant que toutes ces filles, elles étaient payées à la fin du mois. Les boites de production faisaient pression sur elles : "Si tu refuses telle scène, que tu prends des congés ou que t'as un petit ami, on ne te payera pas." En terme de Droits de l'Homme, ce n'était pas terrible. Les filles se faisaient entrainées là-dedans, à leur insu. Comme moi ! Au bord de cinq ans, six ans, elles abandonnaient et elles étaient complètement détruites...
Pourtant, le porno Japonais a plutôt l'image d'un porno haut de gamme. Pas de tournages à la chaine...
Ça, c'est avec les DVD. Avec le DVD, les producteurs ont fait des films beaucoup plus longs. Souvent, plus de 2h. On a mis des dialogues, des scènes-bonus, etc. Nous (l'équipe), on était payés à l'heure, alors on gagnait encore plus !
Vous n'avez pas souffert du P2P ?
Ça a été plus lent qu'en Europe. Nous, ça a été une lente dégringolade. Mais avec le P2P, les Japonais ont pu voir des films gratuits... Et sans censure ! Ils ne voulaient plus de mosaïques ! C'est là que Carribean.com est arrivé. C'était un site entièrement en japonais qui tournait avec des Japonais, mais comme il était basé à l'étranger, il n'y avait pas de mosaïque. Au Japon, la police ferme les yeux sur le porno. Ça, le jeu et les "salons de massage". Il y a des mosaïques, donc rien ne prouve qu'ils font l'amour ! C'est une zone grise. Au moins, le JAV était un milieu très undergroud, avec notre propre culture. Par contre, Carribean.com et ses films sans mosaïques, ça ne passait pas ! Le site était basé à l'étranger, donc impossible de mettre la main sur le responsable. A la place, la police a arrêté l'équipe technique et les filles. Suite à ça, les professionnels ont formé un syndicat.
Avec ce syndicat, les choses ont du s'améliorer, non ?
Au contraire. L'IPPA, le syndicat des acteurs a surtout imposé des mosaïques plus grosses. Et pour les tournages en extérieur, il faut flouter les lieux. L'IPPA, ce sont des fonctionnaires : que l'industrie marche ou pas, ils auront leur salaire ! Puis la mentalité... Interdiction de faire tourner des acteurs qui ne sont pas encartés. Et on en revient au sakoku ; l'esprit insulaire. Les acteurs doivent avoir la nationalité Japonaise. Mais il y a une demande pour les films avec des noirs. On embauche des émigrés, résidant au Japon. Souvent, ils sont mariés à une Japonaise et ils ont un boulot en parallèle (NDLA : obligatoire pour disposer d'une carte de séjour japonaise.) Et ensuite, on a aussi eu un syndicat des producteurs de porno. Ça devenait impossible de travailler. Maintenant, les actrices, elles travaillent un ou deux ans. Elles sont devenues interchangeables.
Tu as annoncé que tu allais fonder ton site, Japorn. Comment t'es venu l'idée ?
Il y a cinq ans, je suis parti en Hongrie, pour un tournage avec Pierre Woodman. C'était une autre ambiance ! Déjà, c'était tourné en 4K. Au Japon, personne ne tournait en 4K. Et puis les filles étaient payés après la scène. Leurs manager se prenaient 15% ou 20%, mais au moins, elles ne patientaient pas jusqu'à la fin du mois. J'avais vraiment l'impression qu'on était en retard, au Japon.
C'est quoi, ton concept ?
Moi, le JAV, je trouve qu'on a un métro de retard. Je rêverais de tourner un film comme Marc Dorcel, dans un château. Mais quand j'ai voyagé à travers le monde, j'ai vu que les étrangers adoraient le JAV. Mon idée, c'est de garder les actrices Japonaises, le cosplay et le cream pie. Et aussi au moins cinq minutes de comédie. C'est ce qui plait aux étrangers. Mais par contre, pas d'acteurs japonais ! Les acteurs Japonais, c'est des machines ! Ils n'ont aucune passion. Alors je fais de l'interracial. J'aime bien Lutro (NDLA : un acteur Tchèque.) Il y a trois ans, j'ai commencé mon site. J'ai déjà fait plus de deux cents scènes.
Toi qui a tourné en Europe et au Japon. Quelles différences y-a-t-il entre les deux genre de pornos ?
Pendant les scènes, les Japonaises ferment les yeux ou bien, elles ont la tête renversée...
Et elles crient comme si on les égorgeaient ! Je suis obligé de mettre le volume au minimum !
Oui (rires.) Les étrangers, eux, ils se regardent pendant la pénétration. Sur les tournages, je dis aux filles "regardez vos partenaires" ! Souvent, les filles n'ont jamais couché avec un étrangers. C'est excitant d'assister à leur "première fois". Les étrangers, ils sont plus physiques, mais plus attentionnées. Les filles adorent. Quand on dit "coupez", elles sont encore allongées, à savourer...
Il y aura de l'anal, sur Japorn (NDLA : je demande pour un ami...) ?
Oui ! Au Japon, on ne fait pas d'anal. Les acteurs n'ont pas l'habitude. Sur un tournage, il faut préparer la fille, préparer le mec. Ça prend trop de temps ! Et puis, le public n'aime pas trop ça. Les étrangers, eux, ils aiment. Alors on s'adapte. Les filles qui tournent pour moi, s'y mettent et elles me font confiance.
Et tu n'as pas de problème de censure ?
Non, je ne fais comme Carribean.com. Japorn, c'est un site Japonais, mais pour les étrangers. D'ailleurs, si ça n'était pas le cas, on ne pourrait pas faire tourner Lutro. Le site est hébergé au Royaume-Uni, ma boite est immatriculé en Géorgie et les abonnements sont encaissés aux Pays-Bas. Le site est bloqué au Japon, en Corée du Sud et en Chine. Dommage, car j'aimerais bien que les Japonais voient du vrai sexe !
Et c'est quoi, le futur ?
Actuellement, j'ai entre vingt-cinq et trente Japonaises et une Ukrainienne. Quand t'es réglo, dans ce milieu, les actrices se passent le nom. Elles me présentent d'autres actrices et voilà. A l'avenir, je ferais des scènes de double-pénétration. Je vais aussi tourner pour d'autres boites de production. Mais là, l'avenir immédiat, c'est retour au Japon : quatre jours de tournage avec Lutro et Pablo Ferrari, avec vingt scènes.
Jusqu'ici, j'ai surtout interviewé des actrices. Pourquoi ne pas poser des questions à ceux derrière la caméra ? De plus, j'évoque régulièrement de porno Japonais. Que s'y passe-t-il, une fois la caméra éteinte ?
Ça tombe bien : Kingdom Japorn a passé un week-end à Paris et en quelques DM, on a pu prendre rendez-vous. Il s'est confié à moi, sans tabous. Non seulement il répondait longuement à mes questions. Mais il n'hésitait pas à revenir sur une question antérieure pour clarifier un point. A un moment, au bar de son hôtel, il y a eu pas mal de monde et les gens ont commencé à écouter notre conversation. Du coup, on a du finir dans sa chambre.
Au moins, vous saurez tout sur le JAV !
Pour commencer, une question bateau : dans quel circonstances as-tu débuté dans le porno ?
Ça fait plus de 20 ans que je fais ça. Mon père est caméraman (NDLA : dans des films "tradis"), mais je n'aimais pas ce qu'il tournait ! Un jour, Quentin Tarantino a débarqué dans mon lycée, alors qu'il faisait une tournée promotionnelle au Japon. Je voulais devenir réalisateur, comme lui. Plus tard, j'ai répondu à une annonce pour être caméraman. C'était une maison de production de porno ! On m'a bien eu !
C'était comment, le JAV, dans les années 90 ?
Tu connais The naked director de Netflix ? C'est ma vie ! J'ai connu les VHS, puis la transition vers les DVD et enfin, le temps d'internet. J'étais dans l'équipe qui a filmé la toute première scène de Marica Hase. Au début, c'était mal vu de travailler dans le porno, puis l'industrie s'est développée. A l'époque, les cameramen étaient salariés des boites de production. Le Japon tournait 1 000 films par mois et on était bien payé. La censure impose de mettre des mosaïques sur les organes génitaux et les pénétrations. Alors les Japonais sont devenus des détraqués : ils fantasment sur les tenues, le maquillage, ils ont pas mal de fétiches, ils aiment le SM, etc.
Tu as fait l'acteur ?
Non, juste "blowjob actor". Un acteur, ça coute cher. Alors pour les fellations, l'actrice suce le caméraman (qui est payé quoi qu'il arrive.) Comme ça, la production réduit le temps d'utilisation de l'acteur !
L'argent, c'est le nerf de la guerre. Il y a trois classes d'actrices. Ou plutôt, il y avait trois classes d'actrices. Les stars, c'étaient les tantai. Elles tournaient une scène par mois et elles étaient payés 1 million de yen (8 200€.) En-dessous, il y avait les kikaku tantai. Elles tournaient entre huit et dix scènes par mois, pour un cachet mensuel de six cent mille yens (5 000€.) Et tout en bas, les kikaku. Leurs noms n'apparaissaient pas sur la jaquette. Elles se faisaient trente mille yens pour une scène sans sexe (250€) et deux cents mille yens (1 650€) s'il y avait du sexe. Sachant que toutes ces filles, elles étaient payées à la fin du mois. Les boites de production faisaient pression sur elles : "Si tu refuses telle scène, que tu prends des congés ou que t'as un petit ami, on ne te payera pas." En terme de Droits de l'Homme, ce n'était pas terrible. Les filles se faisaient entrainées là-dedans, à leur insu. Comme moi ! Au bord de cinq ans, six ans, elles abandonnaient et elles étaient complètement détruites...
Pourtant, le porno Japonais a plutôt l'image d'un porno haut de gamme. Pas de tournages à la chaine...
Ça, c'est avec les DVD. Avec le DVD, les producteurs ont fait des films beaucoup plus longs. Souvent, plus de 2h. On a mis des dialogues, des scènes-bonus, etc. Nous (l'équipe), on était payés à l'heure, alors on gagnait encore plus !
Vous n'avez pas souffert du P2P ?
Ça a été plus lent qu'en Europe. Nous, ça a été une lente dégringolade. Mais avec le P2P, les Japonais ont pu voir des films gratuits... Et sans censure ! Ils ne voulaient plus de mosaïques ! C'est là que Carribean.com est arrivé. C'était un site entièrement en japonais qui tournait avec des Japonais, mais comme il était basé à l'étranger, il n'y avait pas de mosaïque. Au Japon, la police ferme les yeux sur le porno. Ça, le jeu et les "salons de massage". Il y a des mosaïques, donc rien ne prouve qu'ils font l'amour ! C'est une zone grise. Au moins, le JAV était un milieu très undergroud, avec notre propre culture. Par contre, Carribean.com et ses films sans mosaïques, ça ne passait pas ! Le site était basé à l'étranger, donc impossible de mettre la main sur le responsable. A la place, la police a arrêté l'équipe technique et les filles. Suite à ça, les professionnels ont formé un syndicat.
Avec ce syndicat, les choses ont du s'améliorer, non ?
Au contraire. L'IPPA, le syndicat des acteurs a surtout imposé des mosaïques plus grosses. Et pour les tournages en extérieur, il faut flouter les lieux. L'IPPA, ce sont des fonctionnaires : que l'industrie marche ou pas, ils auront leur salaire ! Puis la mentalité... Interdiction de faire tourner des acteurs qui ne sont pas encartés. Et on en revient au sakoku ; l'esprit insulaire. Les acteurs doivent avoir la nationalité Japonaise. Mais il y a une demande pour les films avec des noirs. On embauche des émigrés, résidant au Japon. Souvent, ils sont mariés à une Japonaise et ils ont un boulot en parallèle (NDLA : obligatoire pour disposer d'une carte de séjour japonaise.) Et ensuite, on a aussi eu un syndicat des producteurs de porno. Ça devenait impossible de travailler. Maintenant, les actrices, elles travaillent un ou deux ans. Elles sont devenues interchangeables.
Tu as annoncé que tu allais fonder ton site, Japorn. Comment t'es venu l'idée ?
Il y a cinq ans, je suis parti en Hongrie, pour un tournage avec Pierre Woodman. C'était une autre ambiance ! Déjà, c'était tourné en 4K. Au Japon, personne ne tournait en 4K. Et puis les filles étaient payés après la scène. Leurs manager se prenaient 15% ou 20%, mais au moins, elles ne patientaient pas jusqu'à la fin du mois. J'avais vraiment l'impression qu'on était en retard, au Japon.
C'est quoi, ton concept ?
Moi, le JAV, je trouve qu'on a un métro de retard. Je rêverais de tourner un film comme Marc Dorcel, dans un château. Mais quand j'ai voyagé à travers le monde, j'ai vu que les étrangers adoraient le JAV. Mon idée, c'est de garder les actrices Japonaises, le cosplay et le cream pie. Et aussi au moins cinq minutes de comédie. C'est ce qui plait aux étrangers. Mais par contre, pas d'acteurs japonais ! Les acteurs Japonais, c'est des machines ! Ils n'ont aucune passion. Alors je fais de l'interracial. J'aime bien Lutro (NDLA : un acteur Tchèque.) Il y a trois ans, j'ai commencé mon site. J'ai déjà fait plus de deux cents scènes.
Toi qui a tourné en Europe et au Japon. Quelles différences y-a-t-il entre les deux genre de pornos ?
Pendant les scènes, les Japonaises ferment les yeux ou bien, elles ont la tête renversée...
Et elles crient comme si on les égorgeaient ! Je suis obligé de mettre le volume au minimum !
Oui (rires.) Les étrangers, eux, ils se regardent pendant la pénétration. Sur les tournages, je dis aux filles "regardez vos partenaires" ! Souvent, les filles n'ont jamais couché avec un étrangers. C'est excitant d'assister à leur "première fois". Les étrangers, ils sont plus physiques, mais plus attentionnées. Les filles adorent. Quand on dit "coupez", elles sont encore allongées, à savourer...
Il y aura de l'anal, sur Japorn (NDLA : je demande pour un ami...) ?
Oui ! Au Japon, on ne fait pas d'anal. Les acteurs n'ont pas l'habitude. Sur un tournage, il faut préparer la fille, préparer le mec. Ça prend trop de temps ! Et puis, le public n'aime pas trop ça. Les étrangers, eux, ils aiment. Alors on s'adapte. Les filles qui tournent pour moi, s'y mettent et elles me font confiance.
Et tu n'as pas de problème de censure ?
Non, je ne fais comme Carribean.com. Japorn, c'est un site Japonais, mais pour les étrangers. D'ailleurs, si ça n'était pas le cas, on ne pourrait pas faire tourner Lutro. Le site est hébergé au Royaume-Uni, ma boite est immatriculé en Géorgie et les abonnements sont encaissés aux Pays-Bas. Le site est bloqué au Japon, en Corée du Sud et en Chine. Dommage, car j'aimerais bien que les Japonais voient du vrai sexe !
Et c'est quoi, le futur ?
Actuellement, j'ai entre vingt-cinq et trente Japonaises et une Ukrainienne. Quand t'es réglo, dans ce milieu, les actrices se passent le nom. Elles me présentent d'autres actrices et voilà. A l'avenir, je ferais des scènes de double-pénétration. Je vais aussi tourner pour d'autres boites de production. Mais là, l'avenir immédiat, c'est retour au Japon : quatre jours de tournage avec Lutro et Pablo Ferrari, avec vingt scènes.
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