Natalie, hot coffee

Pourquoi n'encense-t-on pas davantage le Private des années 90 ? Ils avaient toutes les stars et ils avaient moins froid aux yeux que les producteurs Français... Alors pourquoi ne sont-ils pas dans la légende du porno ? Ah oui, c'est vrai, leurs scenarii étaient tout pourri...

En 1993, Berth Milton Jr prenait les rênes de Private, qui était jusqu'ici un magazine X Suédois, fondé par son père. Le fiston voulu multiplier les titres, envahir l'Europe, produire des films (en cassette, puis en DVD.) Et pour balayer ses concurrents, Private voulait produire à un rythme effréné.

Mais forcément, vu la masse de contenu à fournir, les personnes travaillant pour Private se sont vite retrouvées à court d'idées. A mon avis, c'était l'explication de cette séance-photo pour Sex N°7 (1997.)

J'imagine la scène. La maison en Normandie était louée, les acteurs débarquèrent. Mais le photographe, Pierre Woodman, n'avait pas la moindre idée de quoi faire. Il faut bien un minimum de contexte, avant qu'ils ne baisent !
S'en suivit un silence pesant. Les acteurs autour du canapé, les bras ballants. Pour meubler, l'actrice prit la cafetière et elle en proposa aux autres. Là, le réalisateur eu un eureka : "J'ai trouvé ! J'ai trouvé l'idée de la scène ! - Quoi ? - Tu vas servir le café ! - Genre soubrette ? Je n'ai pas le costume. - Non, tu sers le café, dans ta tenue et ils te baisent !"

Ca expliquerait ce scénario indigent : l'actrice verse le café et elle quelques secondes suivantes, elle est cerné de sexes en érection.

Comme d'habitude, aucune information sur la fille. D'après Private, elle s'appelle Natalie (ou Natalia, dans le magazine.) Trois Natalie/Natalia ont tourné pour Private, mais ce n'est pas elle.

L'autre point hilarant, ce sont les tenues. Natalie a visiblement emprunté les vêtements de sa mer. Mais le plus beau, Frank Versace, avec son tee-shirt Herald Tribune (un hommage à A bout de souffle ?), sa chemise à carreau vichy (topissime pour les photos) et son gilet à fleurs. Il a dévalisé un Emmaüs !

Vitaly Mullberger et Alain Deloin (sic.) sont les deux autres acteurs.

Evidemment, on n'achetait pas Sex pour ses histoires ou ses costumes. Ce qui en faisait le sel, c'était les pénétrations. Et à la fin, Natalie se fait triplement embrochée.

Private faisait du périssable : tu achètes, tu te masturbes et tu jettes. De toute façon, quand tu en as fini un, il y a déjà trois autres titres Private qui sont apparus.
Dans les années 2000, pour les films, ils ont fait davantage d'efforts sur les scenarii. Mais à l'heure du P2P, plus personne n'achetait leurs DVD. Internet, lui, a tué le print. A quoi bon s'afficher devant le marchand de journaux du coin de la rue, alors que vous avez zaccès à tout sur votre PC ? Donc plus de magazines Private.

Et aujourd'hui, la maison suédoise a du mal à surfer sur la nostalgie...