Sunshyne Monroe arrête le porno et elle dit pourquoi

D'ordinaire, lorqu'une actrice porno prend sa retraite, elle le fait discrètement. Un petit tweet et c'est tout. Certaines ne préviennent même pas : après quelques mois sans tournage, elles coupent leurs comptes "pro".
Sunshyne Monroe, elle, a décidé de faire une longue vidéo pour s’exprimer. Cette actrice trans, habituée des décolletés plongeants et de la perche à selfie, adopte un rare look sobre : plan fixe, pull ras-de-cou et regard face caméra.

Si elle raccroche, dit-elle, c'est parce qu'elle en avait marre d'un milieu où, dit-elle, tous le monde se drogue et est sans-abri (on y reviendra.) Elle accuse également un réalisateur de Devil's film d'avoir voulu abuser d'elle, puis d'avoir répandu la rumeur qu'elle était séropositive (car elle avait osé dire non à ses avances.) Ensuite, elle accuse Joey Silvera (acteur, producteur et pionnier du porno trans) de se taper des actrices, contre la promesse d'être sur la jaquette du DVD.
Je me méfie toujours des accusations. Elle reconnait qu'une accusation sans preuve, ça s'appelle de la diffamation et qu'elle pourrait être trainée en justice pour ça. Silvera a débuté sa carrière il y a un tiers de siècle. Il a du tourner et faire tourner des centaines d'actrices, voire des milliers. Pourquoi est-ce qu'aucune n'a porté plainte ? Est-ce que ces filles se disent juste : "Il m'a baisée, au sens propre comme au figuré, tant pis" ?

Aux Etats-Unis, il y a une recrudescence des opiacés. Or, les drogues sont un non-dit du porno. Certains acteurs sont même reconnaissant à Hot girls wanted d'avoir évité le sujet et de n'avoir pas encore plus stigmatisé le milieu ! De rares actrices comme Dana Vespoli ou Eva Lin ont reconnu avoir été accro. Lily Lane ou Saya Song ont elles admis de graves problèmes avec l'alcool. Lorsqu'on voit certaines actrices, comme Annie Cruz (33 ans) vieillir bien avant l'age, on se doute qu'elle ne roule pas à l'eau claire... Pour autant, personne n'ose en parler. Est-ce par fragilité ? Pour faire face à la pression ? Pour décompresser après un tournage ? Ou est-ce le comportement autodestructeur évoqué par Harriet Sugarcookie, qui a interviewé beaucoup d'actrices ? Les morts d'overdose de Yuri Luv et d'Olivia Lua n'ont pas modifié les mentalités (auxquels il faut ajouter Olivia Nova, morte de problèmes rénaux, conséquence d'une forte consommation de drogue.) C'étaient des cas isolés, il n'y a pas de problème de drogue dans le porno, circulez, il n'y a rien à voir. Ca gâche le business. Beaucoup ont peur qu'évoquer le sujet donnerait du grain à moudre aux opposants du porno. Une politique de l'autruche qui rappelle les réactions du milieu face au sida, dans les années 90...

Globalement, Sunshyne Monroe décrit un milieu où des managers véreux leurrent des actrices naïves, arrivées de la province, en leur promettant une belle carrière. Puis elles se font jeter comme une vieille chaussette au bout de quelques années.
C'est sans doute moins vrai en Europe, particulièrement en France. Une fille sait qu'elle n'a que deux, trois max devant elle. Certaines sont là pour gagner un maximum d'argent durant cette fenêtre. De plus, les actrices Européennes se lancent souvent plus tard. On peut donc imaginer qu'elles ont davantage de recul.

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