L'enquête de NBC sur LA Direct Models

Jeudi, la NBC a diffusé un documentaire sur l'agence LA Direct Models. Son patron, Derek Hay (autrefois connu sous le nom de Ben English) est mis en examen pour escroquerie, travail dissimulé, harcèlement et de tenir en sous-main une agence d'escort girls.

Si vous n'avez pas envie de vous taper 75 minutes de visionnage (ou que vous ne maitrisez pas l'anglais), voici un résumé.

Pour commencer, un peu de contexte. Dans le X, derrière chaque mega-star comme Asa Akira, vous avez des filles qui vivotent pendant des années. Et derrière chaque fille qui vivote pendant des années, vous avez des dizaines de filles qui font quelques scènes avant de disparaitre dans la nature (comme ici, Nari Park.)
Avec internet, la demande en chair fraiche explose. On voit bien que sur des sites comme Brazzers, il y a de nouvelles scènes tous les jours. Ce qui marche le plus, cela reste les teens. En permanence, l'industrie du X recrute donc de nouvelles filles, en sachant que l'écrasante majorité d'entre elles ne feront pas carrière.

Le documentaire de la NBC raconte le parcours de quatre filles, toutes ex-clients de LA Direct Models. Elles étaient jeunes et elles voulaient faire du porno. Certaines ne se voyaient pas rester dans un bureau. D'autres avaient de gros problèmes financiers. L'une dit à demi-mots qu'elle possédait des problèmes psychologiques. Aucune des quatre n'était Californienne.

Elles finissent par pousser la porte de LA Direct Models. Cette agence a pignon sur rue. Sur son site, il y a des dizaines de filles (et quelques mecs.) On tombe d'emblée sur Jade Kush. A l'époque, Lisa Ann est le bras droit de Derek Hay.
Tout cela réconforte les aspirantes-actrices. Elles signent un contrat de cinq ans et s'imaginent faire comme Lisa Ann.

Comme ces filles n'habitent pas sur place, LA Direct Models fournissait un logement (en colocation), ainsi qu'un chauffeur. L'agence leur conseillait de faire de la chirurgie esthétique ou de traiter leur acné (fréquente chez les ados...) Sans oublier les tests de dépistage... Et tout cela était défalqué de leur cachets, en plus de la commission de l'agence.

Au début, elles pouvaient enchainer jusqu'à dix scènes par mois. Mais le 31, elles ne touchaient que 500$ (430€.)

Normalement, lorsqu'un acteur doit annuler un tournage, l'agence en contacte un autre et c'est presque transparent pour la maison de production. Néanmoins, chez LA Direct Models, en cas d'absence, l'agence fait payer un dédit à l'actrice. Adria Rae a même du payer cela, car elle n'était pas en état de tourner après une tentative de suicide... Alors que la productrice s'était montré comprhénsive et n'avait rien facturé à LA Direct Models.
Les filles se retrouvent donc avec peu d'économies, voire des dettes envers LA Direct Models. Les fortes têtes, les filles qui font des histoires devant et en dehors des caméras, elles sont virées manu militari. Et bien sûr, sans solde de tout compte. Lana Rhoades fut ainsi publiquement licenciées, fin 2017, malgré sa notoriété. De quoi servir d'avertissement aux autres filles.

Les quatre filles de NBC ne percèrent pas. Elles n'étaient ni jolies, ni dégourdies devant la caméra. Leur seul intérêt, au début, c'était d'être nouvelles. Mais bien sûr, ensuite, d'autres filles débarquèrent et les quatre de la NBC étaient déjà oubliées. Plus tard, lorsque Nadia Nabakova (qui se fait désormais appeler Bunny Colby) se plaignit, Mike South l'évoqua comme "actrice peu connue". Très vite, les tournages s'espacèrent.

Sauf que voilà, elles avaient signé un contrat sur cinq ans. Impossible de changer d'agence. Hadley Viscara déclara à NBC que lorsqu'elle accepta de coucher avec Derek Hay, elle eu davantage de boulots. Quant à Lydia Dupra, lorsqu'elle eu un copain, LA Direct Models annula ses tournages.

Puis Derek Hay aurait aiguillé Hadley Viscara vers The Luxury Companion. Cette agence d'escort girl serait gérée en sous-main par l'agent. Ce serait un bon moyen de "recycler" les actrices. Derek Hay organise également des apparitions topless dans des soirées privées, où les hommes peuvent les peloter moyennant un "pourboire". D'après Nadia Nabakova/Bunny Colby, ce serait un moyen pour détecter les filles qui seraient prompts à se prostituer.

En juin 2018, quatre actrices déposèrent plainte contre Derek Hay. Il a été mis en examen pour escroquerie, travail dissimulé, harcèlement et pour la gestion de TLC. Nadia Nabakova/Bunny Colby a pu dénoncer son contrat. Lydia Dupra voulait porter plainte, mais elle se découragea face à la lenteur et au coût de la justice (à moins qu'elle ait trouvé un arrangement avec LA Direct Models.) Adria Rae parvint à déchirer son contrat. Elle fit ensuite un long thread sur Twitter. Ironie de l'histoire, dans l'une de ses dernières scènes pour LA Direct Models, elle se faisait sodomiser pour payer ses dettes...

Le documentaire, filmé par Dan Przygoda, manque de recul. Les filles ne sont pas mises face à leurs contradictions. Lisa Ann, qui se place du côté des victimes et joue à "j'ai fait ce que j'ai pu", était au mieux une mère-maquerelle...

Depuis, elle est revenue devant les caméras. Producteurs et acteurs vétérans se sont plains de son comportement de diva. Est-ce une tentative de la salir venant de proches de Derek Hay ?

D'après Dan Przygoda, il aurait beaucoup de contacts dans le milieu. Le réalisateur dit avoir parlé à "beaucoup d'actrices" qui refusaient de témoigner face-caméra (y compris les quatre plaignantes), par peur des représailles.
Mais quid d'actrices comme Dakota Skye ? Si LA Direct Models avait des pratiques abusives. Pourquoi est-ce qu'une actrice chevronnée signerait avec l'agence ? Quid de Darcie Dolce, qui parvint à quitter LA Direct Models sans passer devant les tribunaux ? Pourquoi n'entend-on pas de voix dissonantes ?

Au début du documentaire, Dan Przygoda évoquait brièvement des actrices étrangères. Sur le site de LA Direct Models, on tombe ainsi d'emblée sur la Française Sharon Lee (qui a annoncé sa seconde retraite l'an dernier.) Derek Hay fait-il pression sur ces étrangères qui rêvent de percer aux USA ? Malheureusement, ce volet n'est pas explicité.

L'intéressé a refusé de participer au documentaire. Du moins, il exigeait que ses réponses soient diffusées en entier. En effet, Dan Przygoda a tendance à ne montrer que des bouts d'interview, voire des bouts de phrase (un tic typique des réalisateurs Américains.)
Dans une longue vidéo face-caméra, Derek Hay raconte comment lui et sa comptable ont reçu des lettres très véhémentes. Dan Przygoda est un producteur indépendant, mais il se présentait comme un employé de NBC et il utilisait l'en-tête de la chaine. Il accuse également le réalisateur d'avoir fait un documentaire à charge et d'utiliser l'affaire des quatre plaignantes (qui n'est arrivée qu'à mi-tournage) comme prétexte. Il rappelle aussi que Lisa Ann n'a travaillé pour lui qu'en 2005, pendant une année.

Les spectateurs se feront leur opinion...