OnlyFans (OF, pour les intimes) est omniprésent dans la twittosphère porno. Le tweet ci-dessous est le tout premier que j'ai vu aujourd'hui, en me connectant sur mon compte Le Point Q !
Surtout, ce réseau social fait beaucoup parler de lui, bien au-delà des amateurs de porno. Certains y voient le grand libérateur des actrices. D'autres y voient un outil d'asservissement.
OnlyFans
OnlyFans est un réseau social payant et pour adulte. L'interface graphique est banale avec une succession d'images et de vidéos, au gré des ajouts des comptes que vous suivez. Vous pouvez "liker" les posts et dialoguer avec leurs auteurs.
Par contre, il faut payer. Chaque fois que vous décidez de suivre un compte, vous devez payer. Certains posts sont bloqués et ils réclament un paiement supplémentaires. Et parfois, pour dialoguer, votre interlocuteur exigera un "pourboire" pour l'inciter à vous répondre...
OnlyFans est apparu en 2016, en Grande-Bretagne.
En avril dernier, Megan Thee Stallion demandait à Beyonce de dire quelques mots dans le remix de Savage. A 1', Megan Thee Stallion déclamait : "Hips TikTok when I dance / On that Demon Time, she might start an OnlyFans."
Cela déclencha un peu de curiosité. Et à l'échelle du réseau social, ce "un peu" fit grimper le nombre d'abonnés de 75%.
Quelques mois plus tard, dans son clip de retour, Belle Delphine soulignait qu'elle ouvrait un OnlyFans. Cela donna davantage de visibilité au site (sans parler des fans de l'e-thot qui se sont abonnés.)
Les médias traditionnels s'emparèrent du phénomène :
Uberisation
Les journalistes n'avaient qu'un seul mot à la bouche : uberisation. Mais c'est le porno "normal" qui est uberisé !
Démonstration : en 2018, Netflix ajoutait Le Grand Bleu à son catalogue. Le film date de 1988. Néanmoins, chaque fois qu'un abonné Netflix le visionne, le portail doit rémunérer les ayant-droits. C'est-à-dire tout ceux qui sont considérés comme "créateur" de l’œuvre et ceux qui avaient exigé un pourcentage des recettes, y compris sur les supports dématérialisés. Et si un ayant-droit mourrait, ses héritiers aurait des droits sur l’œuvre.
Dans le porno, acteurs et réalisateur sont payés lors du tournage, point. Il n'y a pas de droits sur les rediffusions ultérieures.
Lorsque BangBros "recycle" une scène de Legal Porno, datant de 2018, il n'a à rémunérer que la maison de production. Ni Marica Hase, ni Markus Dupree, ni Prince Yashua, ni le réalisateur, Miles Long, ne perçoivent le moindre cent.
Et c'est d'autant plus problématique que de nombreuses scènes sont réutilisées. D'ailleurs, comme les personnes touchent leur cachet avant diffusion, ce cachet est complètement déconnecté du nombre de vues de la scène (et des recettes générées.)
Pain blanc
Avec OnlyFans, les acteurs (qui sont très majoritairement des actrices) sont au contact direct des spectateurs. Elles perçoivent 80% des recettes de leur page.
De plus, il y a une interaction avec leurs fans (même si, bien sûr, 90% des commentaires sont du style "tro bone jve la bz".)
Enfin, les acteurs se filment souvent chez eux ; pas besoin de se déplacer. Et à l'heure où certains acteurs et producteurs sont accusés d'abuser des actrices, cela permet aussi d'éviter les mauvaises rencontres.
Financièrement, OnlyFans est un moyen de faire la soudure, entre deux tournages. Avec un nombre stable d'abonnés, cela devient quasiment un salaire fixe.
Aaliyah Hadid a déclaré qu'elle gagne tellement, via ses abonnés, qu'elle a pu lever le pied sur les tournages.
Sarvani, elle, n'aurait jamais tourné de films. Néanmoins, son compte OF lui aurait permis de s'offrir une maison !
Désormais, c'est la ruée sur OnlyFans. A l'origine, c'était des cameuses et des actrices de seconde zone qui y avaient un compte. Désormais, les stars du X n'hésitent plus à sauter le pas, à l'heure où les tournages sont rares et les salons de l'érotisme annulés, pour cause de COVID.
Non seulement les fils de réseaux sociaux sont saturés d'annonces (nouveau contenu, abonné supplémentaire...), mais certaines mettent le lien bien en évidence sur la bio, comme Osa Lovely.
Pain noir
OnlyFans est-il un modèle pour le porno ? Pas vraiment.
Pour l'abonné, c'est la loterie. Lorsque vous visitez un profil, il n'y a souvent aucun contenu libre d'accès. Vous payez et ensuite, vous découvrez si c'est un compte de photos en bikini ou de contenus plus épicés... Parfois, il y a du contenu presque tous les jours et parfois, il faut faire avec une photo par mois...
Notez enfin que vous ne pouvez pas télécharger les contenus. Si quelqu'un ferme son compte, aucun moyen de récupérer les contenus que vous aviez payé...
Certains comptes OnlyFans sont très pros. Ces derniers temps, face au confinement, on a vu des studios comme Brazzers, demander à des utilisateurs de se filmer. Avec leurs moyens habituels. Et on ne voit (presque) pas la différence avec les autres scènes du site.
Reste que le métier d'acteur porno est (un peu) encadré (surtout aux Etats-Unis.) Il porte notamment sur le temps et les conditions de travail. Accessoirement, les quasi-proxénètes faisant travailler leur conjointe, était écartés.
Sur OnlyFans, il n'y a aucun contrôle. Dans quelles conditions travaillent les filles ? Se déshabillent-elles volontairement devant la caméra ? Le site ne veut pas le savoir ; c'est un hébergeur, pas un employeur. Et certains proxénètes se cachent à peine...
L'autre point, ce sont les IST. Là encore, le porno pro US est loin d'être parfait, mais il impose un suivi sérologique aux acteurs. Sur OnlyFans, on voit des acteurs tourner des scènes ensemble, sans protection.
En résumé, OnlyFans, c'est le far-west. Il réduit la distance entre acteur et spectateur, pour le meilleur et pour le pire. A l'avenir, il sera sans doute condamné à contrôler davantage ses contenus et ses producteurs de contenu. Sans quoi, il disparaitra.
Quant au "vrai" porno pro, il a encore de beaux jours devant lui. OnlyFans va peut-être tuer le porno "Pro-Am". Mais les gros consommateurs veulent de la diversité. On en revient donc aux portails, qui vont devenir encore un peu plus incontournables.
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