Evènement sur Le Point Q : une interview ! Pas facile d'interviewer de grandes stars françaises. Beaucoup ont quitté (volontairement) les écrans de radar. Même Céline Tran ne veut plus qu'on l'appelle Katsuni. Coralie, elle, n'a pas honte de son passé de "hardeuse", comme on disait à l'époque. Elle a même conservé les VHS de la plupart de ses films !
Nous voilà donc dans un bar de la rue des Pyrénées, à discuter d'elle, de sa carrière... Mais aussi de moi, qui regardait ses films, le 1er samedi du mois... Et qui en discutait, le lundi matin, dans la cour du lycée ! Coralie n'a pas la langue dans sa poche et l'interview est d'autant plus agréable, malgré le froid.
Seule requête : ne pas la prendre en photo.
Commençons par une question bateau : comment as-tu démarré ?
J'étais gothique, quand j'étais ado. J'ai fait des photos. J'ai rencontré un photographe amateur, j'ai fait des photos érotiques et on les diffusait dans la rubrique "amatrices" de Hot Vidéo. Chaque mois, Hot Vidéo faisait une sélection pour gagner un shooting pro. J'ai été sélectionnée. Puis j'ai enchainé dans les films. Toujours avec les petites annonces d'Hot Vidéo.
Et ton premier film, c'était Exhibition à Paris, non ?
Non, ça c'était beaucoup plus tard. En fait, j'ai eu trois premiers films X ! La cartomancienne baise comme une chienne, je l'avais autoproduit ! C'était de l'amateur. Puis j'ai fait une scène dans Insatiables salopes d'Alain Payet. Mais ça s'est mal passé. Alberto Rey disait (en anglais) que je sentais bizarrement et que la dernière fois qu'une fille sentait comme ça, il avait chopé un truc. En fait, il n'arrivait pas à bander. Moi, j'ai fait comme si je ne parlais pas anglais, on a tourné et à la fin, je lui ai parlé en anglais. Il ne savait plus où se mettre !
Puis j'ai fait The Tower 3. C'est mon premier vrai film pro, le premier où j'ai pris du plaisir. Le plaisir de jouer dans un porno ; pas le plaisir sexuel. C'est aussi le seul où j'ai joué les Asiates. Je suis pas assez typée ; je suis une quarteronne.
Pourtant, tout récemment, Fred Coppula a eu moins de scrupules dans Sex Friends Tokyo...
Parlons de Pornovista. Tu y crevais l'écran, dans la scène finale
Pascal Delaunay, c'était... Un artiste. Pour la scène, il m'a fait faire un body-painting pendant 5 heures. 5 PUTAIN D'HEURES et tout de suite, j'entre dans la piscine et il se dissout !
A ce moment-là, tu suivais des études de commerce, non ?
Hein ?
C'est comme ça qu'ils t'avaient présenté, sur Canal +. Moi, j'entrais en BTS Commercial et ça m'avait marqué...
Non, ils disent trop de conneries ! Moi, j'ai fait une terminale littéraire. Je me suis arrêtée avant le bac. C'est comme l'histoire de la pipe au champagne, je l'ai fait qu'une fois !
A l'époque, tu tournais pour Private, Marc Dorcel et JBR. On te voyait presque tous les mois dans le film de Canal + ! On te repérait facilement : tu étais quasiment la seule brune au milieu des blondes siliconés. Et puis ce pseudo, Coralie, au milieu des pseudos Américaines (Roxanne Hall, Dolly Golden...)
C'est mon vrai prénom !
Tu étais l'actrice des seconds rôles. Mais des grands seconds rôles. Dans L'indécente aux enfers, ta scène était la meilleure du film ! Tu demandais combien par scène ?
5 000 francs la journée (soit l'équivalent de 1 200€ actuels.) C'était à prendre ou à laisser ! Mais moi, au moins, il n'y avait pas de suppléments (NDLA : pour l'anal, les double-pénétrations, etc.) Le salaire, c'était tabou. Les réalisateurs n'aimaient pas qu'on parle de ça entre filles. Les filles n'en parlaient pas, fallait leur tirer les vers du nez. J'ai découvert que j'étais l'une des mieux payée.
Et au quotidien, ce n'était pas trop dur d'être actrice porno ? Pas d'opprobre ou de fans relous ?
Non, moi je sortais avec des musiciens. Dans ce milieu, les filles sortent plutôt avec des acteurs. Mais moi, je préférais les musiciens. Mes petits amis, ils savaient que j'étais actrice X, mais ça ne les gênait pas ! Ah si, à 18 ans. A l'époque, j'étais suivie par la DDASS. Ils ont découvert que je faisais du porno. Ils voulaient que je fasse un BTS en trois ans ou un truc comme ça. C'était le porno ou ça. Alors je suis parti et j'ai eu un Hot d'or pour La princesse et la pute ! Puis beaucoup plus tard, je faisais du bénévolat pour les enfants et un parent m'a reconnu. J'ai du arrêter.
Une autre question bateau : ton acteur/actrice préférée
David Perry ! Et puis Francesco Malone. Et Bruno SX, il était a-do-ra-ble. Mais surtout David Perry. En fille ? Lea Martini, elle parle au moins cinq langues ! A l'époque, son mari, c'était Bruno SX. Karen Lancaume, on est devenu amie sur le tournage de Baise Moi. Sur YouPorn, je regarde les films de Katsuni et d'Asa Akari. Nikita Belucci, elle est aussi folle que moi ! Je lui ai dit ça gentiment, mais elle l'a mal pris.
Et tu as tourné pour les plus grands...
Marc Dorcel, il était trop gentil. Avec Jean (NDLA : Guilloré, alias John B Root), il y a eu une embrouille sur le tournage de Cyberix. Il a sa version, j'ai ma version. Je devais faire un gang-bang. J'ai dit : "Pas plus de trois mecs." Un des trois mecs ne bandait pas. Il est allé se branler dans un coin. Donc Jean a fait venir un autre "troisième". Mais l'autre, il a fini par bander, alors il est revenu. Mais moi, je l'ai pas vu partir. Donc, ils sont quatre. Ils ont joui sur moi et je suis partie. Au final, il a utilisé Raffaela Anderson comme doublure pour les autres scènes ! Je m'en veux pour Jean, parce que ce n'était pas de sa faute. J'ai tourné Paris chic pour Andrew Blake. Mais j'étais déçu, car il n'y avait pas d'anal. Je lui ai dit et il m'a répondu qu'il savait pas que je faisais ça !
Tu aimes tant l'anal que ça ? Sur un DVD Private, ils disaient que tu avais plus de plaisir en anal, qu'en vaginal
C'est Pierre Woodman, il exagère ! Mais Pierre, il a un secret pour dilater l'anus et stimuler un nerf... Quand j'ai écris mon autobiographie, il devait faire au moins mille pages. Mon éditeur m'a forcé à réduire à sept cents. Les trois cents, c'était rien que sur l'anal et c'est devenu Osez la sodomie !
A t'entendre, c'était de très bons moments. Alors que dans les livres et les articles, c'était plutôt des descriptions sordides...
C'est le syndrome Marie-Madeleine ! Pour faire plaisir aux médias et se faire pardonner, faut dire que l'on était une victime du porno. Pour moi, le X, c'était trop des bons moments.
Et comment tu en es venu au scénario de Baise-Moi ?
Virginie Despentes m'avait vu dans plusieurs films. Karen Lancaume et Raffaela Anderson, c'était dans Exhibition 99. On a fait le film un an (NDLA : du scénario au montage.) Je n'avais plus le temps de tourner. D'ailleurs, mon dernier film, c'était avec Karen Lancaume. Puis après, on a fait la promotion au Japon, en Espagne, en Roumanie, à Londres... Et j'étais épuisée, mentalement.
Tu n'as pas eu envie de revenir au X, ensuite ?
Non, j'étais passé à autre chose. Le X, c'était derrière moi. Mon seul regret, c'est de n'avoir pas réalisé de porno.
Qu'est-ce que tu as fait après Baise-Moi ?
J'ai fait du gonzo-journalisme pour Rock N' Folk. Et j'ai écrit pour Dorcelle. J'ai écrit mon autobiographie, La voie humide. J'ai fait des apparitions dans Déjà mort et En avoir (ou pas). J'ai embrassé Béatrice Dalle dans Bye Bye Blondie. Mais j'ai jamais voulu être comédienne.
Qu'est-ce que tu penses de Pascal Op ?
Qui ça ?
Le chauve, chez MST ! C'est lui monsieur French Bukkake !
Lui ? Oh ! J'ai tourné avec lui et ça c'était très bien passé. Je savais pas que c'était lui. J'ai suivi l'affaire de loin. Pascal Op, c'est un connard. Un prédateur. J'ai eu une embrouille avec Jean, mais ça n'a rien à voir. Moi, j'avais une réputation de chieuse, mais les règles étaient claires et je n'ai jamais été agressée. Je devais faire une scène normale pour Francis Leroy. Au dernier moment, il m'impose une triple avec trois inconnus. Il pensait que j'allais rien dire. Je me suis barré ! Une autre fois, pour Patrice Cabanel, la meilleure scène, c'était un viol simulé. L'autre fille, elle se sentait mal à l'aise. Après, ils ont vu qu'elle était mineure. C'est peut-être pour ça qu'elle avait des difficultés, alors que moi, je m'éclatais. Elle n'avait rien à faire là. La scène est restée inédite, du coup. Moi, en général, j'hésitais pas à partir. Mais je comprends qu'il y a des filles qui se font manipuler ou qui n'osent pas dire non.
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