L'appel de l'enfer


Il faut le rappeler à chaque fois, mais Le Point Q, c'est aussi les BD érotiques. L'Appel de l'enfer, c'est la dernière BD publiée du vivant de Will. Malgré une page de garde aguicheuse, c'est de l'ultra-soft...


Willy Maltaite (1927-2000) fut un dessinateur de l'école Dupuis. A seulement 20 ans, Will récupérait la série Tif et Tondu. Il en publia près d'un album par an. En parallèle, il créa la série Isabelle et réalisa des décors pour diverses série.

En 1989, il achevait un diptyque de Tif et Tondu. Dans la dernière case, il se dessine jetant son stylo... Mais il poursuivit encore Isabelle.

Will voulu dessiner des BD plus personnelles, avec du sexe et de la violence. Avec Stephen Desberg, dernier scénariste de Tif et Tondu, il dessina Le jardin des désirs (1989.) L'histoire d'un érotomane, éternel insatisfait, qui collectionna les conquêtes.
Il enchaina avec La 27e lettre. L'histoire d'un orphelin élevé dans un bordel, sur fond de nazisme.


Ces albums étaient publiés dans la collection Aire Libre. Des albums destinés à un public ados-adultes, par opposition au public enfantin des albums de Dupuis.

Visiblement, il y a eu désaccord pour un troisième album. C'est chez P&T que L'Appel de l'Enfer fut publié, en 1993. Un éditeur confidentiel, mais qui offrait carte blanche à Will et Desberg.

Aujourd'hui, on trouve des intégrales de tout. Et bien que n'ayant aucun lien, Le jardin des désirs, La 27e lettre et l'Appel de l'Enfer ont été publiés ensemble.

Trois hommes ont été condamnés à la damnation éternelle. Ils vont rencontrer une espèce de DRH des enfers, pour faire appel.

Notez que déjà, dans l'histoire courte A malin, malin et demi, Will évoquait l'enfer et l'idée de faire appel du châtiment divin...

D'emblée, on a une impression de déjà-vu. Il faut dire que Will a tendance à dessiner toujours les mêmes personnages...


Et pour le sexe, c'est position du missionnaire ou rien ! Et sur une case. Tant pis pour ceux qui lissent d'une main...


Pour tenter de convaincre le DRH du diable, trois hommes racontent leur vie passée. Pour conquérir (ou reconquérir) leur femme, ils ont eu recourt à des procédés surnaturels.

C'est l'occasion de raconter trois histoires courtes coquines, à trois époques et dans trois lieux différents.


Chez Will et Desberg, la femme est immature. Leurs personnage sont des irresponsables, qui trompent leurs maris sans penser aux conséquences... Et qui changent de partenaire sans aucun scrupule.

Voilà qui rappelle un certain auteur Italien...


Oui, au fil des pages, on se croirait chez Milo Manara. Le trait n'a rien à voir. Par contre, on retrouve, cette critique d'une religion catholique trop rigide, l'obsession du luxe (grandes maisons, grosses voitures...), les maris qui se font cocufier sous leurs nez, les personnages de vieux ventripotants et tyranniques...

En 1993, Milo Manara n'avait pas encore labouré ces thèmes, dans tous les succédanés du Declic. De plus, Will et Desberg avait déjà exploré certains thèmes dans des albums antérieurs. Impossible de les traiter de plagiaires.
Par contre, on ne peut s'empêcher une comparaison. Milo Manara est plus irrévérencieux, plus blasphématoire, plus pervers...


C'est sans doute une question générationnelle. Milo Manara a commencé à travailler à une époque où l'on remettait tout en cause. Quitte à manger de la vache enragée. Will a longtemps été un gentil tâcheron de Dupuis. Il n'est sorti des sentiers battus qu'une fois la soixantaine atteinte.

Cet Appel de l'enfer laisse une impression d'inachevé. Quant au sexe, on voit à peine quelques scènes.

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