Le prénom

Un des points qui trahis l'amateurisme du X Français, ce sont les pseudos des actrices (et des acteurs.) A quelques exceptions près (on y reviendra), la mode est aux patronymes US.

A la one again
La mode des patronymes US possède une double-origine. D'un côté, il y avait l'après-guerre. Tout ce qui était "tendance" venait des Etats-Unis. Alors pour l'exotisme, dès que vous étiez un peu marginal, il fallait un pseudo made in USA ! Voilà pourquoi Jean-Philippe Smet devint Johnny Hallyday et Marie-Claude Jourdain, Lova Moor. Les premiers films X arrivèrent des Etats-Unis et donc, d'emblée, nombre d'acteurs jouèrent la carte US, comme Barbara Moose ou Marylin Jess.
L'autre influence, c'est l'Italie. Dans les années 60-70, Cinecittà tournait à la chaine des péplum, des westerns, des polars, etc. Afin de les vendre dans toute l'Europe, toute l'équipe était invitée à prendre des noms à consonance US. Comme ça, le spectateur croyait avoir du made in Hollywood... Or, nombre de réalisateurs de la première génération (comme Jean Rollin, Joe d'Amato ou Jesus Franco) étaient issues de l'école du cinéma bis. Et souvent, ils gardaient la même équipe (y compris les acteurs) entre films "tradi" et films "X"...
L'après-guerre ou les années 60-70, ça ne nous rajeunit pas ! Ces acteurs et actrices très franchouillards, mais avec des noms US, c'est -au mieux- suranné. D'ailleurs, avec la culture manga, les pseudos Japonais prennent le pas dans d'autres domaines (y compris pour les artistes non-Asiatiques.) Ces noms yankee sont aussi très impersonnels. Parfois, d'un tournage à un autre, les pseudos évoluent. Les filles veulent une enveloppe qu'elles pourront quitter dès la fin de leur carrière.

X sous X
Afin de protéger leur vie privée, les acteurs (et surtout les actrices) préfèrent se cacher derrière un pseudonyme. Oui, mais ce n'est pas qu'un nom. C'est une marque, un univers, comme disent les marketeux ! C'est très important si la personne compte faire carrière.
Dans les années 90, les tournages franchissaient volontiers les frontières. Pour des maisons de productions comme Private, les noms US, ça permettait de donner une cohérence à une production où il y avait parfois autant de nationalité que d'acteurs sur le plateau... En Italie, alors qu'il y avait un afflux d'Hongroises, on décida de les Italianiser. Lea Martini, Anita Rinaldi ou Erika Bella furent des Italiennes plus vraies que nature ! Pour ne pas dépareiller, l'Italien Rocco Tano, alias Rock Tudor ou Daryl Tano Jr décida de se prendre un pseudonyme Italien : Rocco Siffredi. Ce fut un coup de génie. Car son nouveau nom s'accordait bien à son accent chantant et à son image de séducteur Italien. Nul doute qu'il n'aurait pas été aussi célèbre en tant que "Rock Tudor". D'ailleurs, l'autre grande star des acteurs Européens, c'est Manuel Ferrara. Un autre acteur avec un nom "normal". A la fin des années 90, la France s'aligna, avec Coralie, Laure Sinclair ou plus tard, Clara Morgane.
Le fan a envie de connaitre davantage son actrice préférée. Savoir d'où elle vient et ce qu'elle a fait avant de tourner. Lorsqu'elle a un pseudonyme classique, il se sent plus proche d'elle. Cela ajoute du réalisme ; ça permet de fendre un peu l'armure sans trop en dire sur soi. Aujourd'hui, en France, consciemment ou pas, les actrices Nordistes sont les seules à choisir un pseudo du crû ! En effet, il y a une tradition ouvrière des prénoms en "Y" (Cindy, Stacy, Dolly et Tiffany pour les filles, Jimmy, Franky, Johnny et Ricky pour les mecs.)

Et aux Etats-Unis ?
Aux Etats-Unis, il n'y a quasiment plus de porno généraliste. Chaque DVD, chaque scène doit être sur un thème bien précis. Ca doit pouvoir sauter aux yeux ! "Belgian hotties starring Cathy Crown", ce n'est pas cohérent. Cathy, si tu veux traverser l'Atlantique, il faudra te rebaptiser Martine Janssens !
Le plus évident, ce sont les pseudonymes "ethniques". Hispanniques et Asiatiques sont priées d'avoir des noms ou des prénoms bien typés. C'est plus rares pour les noirs. Parfois, le nom permet à une actrice de s'offrir une identité qu'elle n'a pas (cf. plus haut, les actrices Hongroises singeant les Italiennes.) La métisse US Aaliyah Hadid peut jouer les Arabes et la Néerlandaise Esperanza del Horno, l'Espagnole !
Pour les actrices fétichistes chic, rien ne vaut un côté intello. Et "intellectuel" aux USA, est synonyme de "Français" d'où des Charlotte Sartre et autres Audrey Noir...
Pour le côté actrice à l'ancienne, avec seins refaits et tatouage, rien ne vaut un nom de marque. Cela souligne le côté superficiel. Comme Lexus Locklear ou Nikki Benz.

Bien sûr, il y a des exceptions. Mais le X est une industrie. L'actrice est à la fois sa propre PME et son propre produit ; elle doit savoir se vendre.

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