Les producteurs de porno connaissent une vague de concentrations. Dernière en date : WGCZ s'offre Private. Est-ce la fin ou bien un nouveau début pour l'ex-empire du porno ?
Berth Milton (senior) a fondé Private en 1965. Photographe, il surfa sur la libéralisation de la législation Suédoise. Comme beaucoup d'autres, il créa un magazine porno. Non pas de l'érotisme, comme Playboy, mais bien un magazine avec des poses "gynécologiques". Les modèles s’appellaient alors Carol, Solvej, Therese... Rien de bien exotique...
En 1990, Berth Milton prit sa retraite et passa le relais à son fils, Berth Milton Jr. C'est le fils, qui transforma la TPE Private en empire.
D'une part, il exporta Private hors de Suède, avec des clones dans toute l'Europe.
Ensuite, il se lança dans les films pornos. Avec la chute du Mur, il existait un vivier de blondes prêtes à écarter les cuisses contre de l'argent facile. De plus, le marché de la vidéo Européenne était très cloisonné. Les films étant rarement traduits et les standards de cassette (PAL et SECAM), différents d'un pays à l'autre. Private, lui, faisait doubler systématiquement ses films.
Comme les Hongroises ne parlaient aucune langue étrangère, les films Private n'avaient souvent aucun dialogue. Les seuls textes étaient des voix off, d'autant plus facile à adapter, donc.
Milton Jr fut un véritable génie du porno. Il jouait la synergie à plein : les tournages étaient abondamment photographiés. Les photos servaient ensuite pour les magazines du groupe. Et à coup de hors-série et autres best of, Private recyclaient plusieurs fois séances photos et tournages.
Au milieu des années 90, il passa à la vitesse supérieure, en recrutant les stars du porno Européen, devant et derrière la caméra.
Il multiplia également les tournages en Thaïlande ou dans les Caraïbes. Et pas question de filmer dans un hôtel miteux ! Chez Private, c'étaient yacht et villa, avec acteurs qui déboulaient au volant d'une Ferrari. Il s'agissait d'en mettre plein la vue au spectateur.
Enfin, pour se distinguer, la maison n'avait aucun tabou : double-pénétrations, utilisation de godemichets, pénétrations filmées en gros plans... Là aussi, il s'agissait de se distinguer de la masse.
A la fin des années 90, Private était le roi Européen du X. Avec son studio d'enregistrement polyglotte, il prit sans problème le virage du DVD. En plus, il en profitait pour multiplier les éditions, à coups de bonus et de scènes inédites.
Pour le spectateur, ces films possédaient un vrai effort sur la forme (même si les scenarii étaient souvent un peu mollasson.) Dans les catalogues de VPC, c'était des valeurs sûres.
Pour les acteurs, un tournage avec Private, c'était un peu des vacances. Quant aux actrices, elles voyaient là une étape essentielle vers une carrière internationale. C'était une forme de reconnaissance d'être appelée pour un tournage.
Le groupe possédait également des clubs de strip-tease et il vendait à la pelle ses tee-shirts "Private XXX".
Hélas, ensuite, ce fut la dégringolade.
Les années 2000 furent marquées par l'explosion d'internet et son "porno-réalité" à petit budget et actrices "normales". L'exacte antithèse de la maison.
Ce fut aussi l'essor du piratage, avec l'effondrement soudain des ventes de DVD.
Private tenta de répondre avec des films à gros budgets, comme Vivid. Et comme Vivid, il se ramassa.
En 2009, la justice Suédoise vint réclamer des arriérés d'impôts à la maison. Dans un contexte de naufrage, les esprits s'échauffaient. D'autant plus que Milton Jr se comportait en seul maitre à bord. En 2010, il vira Ilan Bunimovitz, le PDG de l'entreprise. Bunimovitz se rapprocha du conseil d'administration de Private Group. Ils accusèrent Milton Jr de prédation et d'incompétence.
In extremis, Milton Jr garda son poste. Mais Private était en panne d'idées. Arrivé tard sur le web, la maison tenta même de profiter de l'explosion du porno trans, avec Tranny Temptation!
Aujourd'hui, Private profite surtout de son imposant catalogue. Films et photos, des années 60 à aujourd'hui, sont numérisées.
Et les tournages ? On en revient peu ou prou au début des années 90 : des tournages à la chaine, en république Tchèque. Du gonzo filmé sans effort, même s'il est saupoudré de stars, ici et là. En tout cas, pour les spectateurs, comme pour les acteurs, il n'a plus rien d'incontournable.
Globalement, comme toutes les vieilles maisons, Private se cherche un chemin.
La société s'est faite discrètement rachetée par WGCZ. On ne sait pas ce que l'acquéreur en fera à long terme ou s'il gardera Milton Jr.
WGCZ, c'est Stéphane Pacaud, un pornocrate de la nouvelle génération : quelqu'un qui fuit les caméras et ne cherche pas du tout la publicité. Peut-être qu'à l'instar d'un Fabian Thylmann (Mindgeek-PornHub) ou d'un Peter Acworth (Kink), Pacaud pourrait se retirer de WGCZ du jour au lendemain.
Il y a une vraie ruée sur les sites pornos. Gamma Entertainment a racheté plusieurs sites afin d'alimenter son portail Adulttimes. Mindgeek avait déjà pris des sites sous son aile. Le propriétaire de PornHub rêve de créer un univers, avec un réseau social. Quant à WGCZ, il avait débuté avec XVideos et XNXX, deux tubes bas de gamme. Ces derniers temps, le groupe s'est offert Legal Porno, BangBros, DDF Network et Penthouse.
A chaque fois, l'idée est d'acheter du contenu. Notamment pour fournir ses tubes avec des scènes dont il dispose de copyright. Ces scènes ou plutôt ces bandes annonces devant tracter les utilisateurs vers des sites payants. Accessoirement, c'est toujours ça de moins pour les tubes concurrents...
Berth Milton (senior) a fondé Private en 1965. Photographe, il surfa sur la libéralisation de la législation Suédoise. Comme beaucoup d'autres, il créa un magazine porno. Non pas de l'érotisme, comme Playboy, mais bien un magazine avec des poses "gynécologiques". Les modèles s’appellaient alors Carol, Solvej, Therese... Rien de bien exotique...
En 1990, Berth Milton prit sa retraite et passa le relais à son fils, Berth Milton Jr. C'est le fils, qui transforma la TPE Private en empire.
D'une part, il exporta Private hors de Suède, avec des clones dans toute l'Europe.
Ensuite, il se lança dans les films pornos. Avec la chute du Mur, il existait un vivier de blondes prêtes à écarter les cuisses contre de l'argent facile. De plus, le marché de la vidéo Européenne était très cloisonné. Les films étant rarement traduits et les standards de cassette (PAL et SECAM), différents d'un pays à l'autre. Private, lui, faisait doubler systématiquement ses films.
Comme les Hongroises ne parlaient aucune langue étrangère, les films Private n'avaient souvent aucun dialogue. Les seuls textes étaient des voix off, d'autant plus facile à adapter, donc.
Milton Jr fut un véritable génie du porno. Il jouait la synergie à plein : les tournages étaient abondamment photographiés. Les photos servaient ensuite pour les magazines du groupe. Et à coup de hors-série et autres best of, Private recyclaient plusieurs fois séances photos et tournages.
Au milieu des années 90, il passa à la vitesse supérieure, en recrutant les stars du porno Européen, devant et derrière la caméra.
Il multiplia également les tournages en Thaïlande ou dans les Caraïbes. Et pas question de filmer dans un hôtel miteux ! Chez Private, c'étaient yacht et villa, avec acteurs qui déboulaient au volant d'une Ferrari. Il s'agissait d'en mettre plein la vue au spectateur.
Enfin, pour se distinguer, la maison n'avait aucun tabou : double-pénétrations, utilisation de godemichets, pénétrations filmées en gros plans... Là aussi, il s'agissait de se distinguer de la masse.
A la fin des années 90, Private était le roi Européen du X. Avec son studio d'enregistrement polyglotte, il prit sans problème le virage du DVD. En plus, il en profitait pour multiplier les éditions, à coups de bonus et de scènes inédites.
Pour le spectateur, ces films possédaient un vrai effort sur la forme (même si les scenarii étaient souvent un peu mollasson.) Dans les catalogues de VPC, c'était des valeurs sûres.
Pour les acteurs, un tournage avec Private, c'était un peu des vacances. Quant aux actrices, elles voyaient là une étape essentielle vers une carrière internationale. C'était une forme de reconnaissance d'être appelée pour un tournage.
Le groupe possédait également des clubs de strip-tease et il vendait à la pelle ses tee-shirts "Private XXX".
Hélas, ensuite, ce fut la dégringolade.
Les années 2000 furent marquées par l'explosion d'internet et son "porno-réalité" à petit budget et actrices "normales". L'exacte antithèse de la maison.
Ce fut aussi l'essor du piratage, avec l'effondrement soudain des ventes de DVD.
Private tenta de répondre avec des films à gros budgets, comme Vivid. Et comme Vivid, il se ramassa.
En 2009, la justice Suédoise vint réclamer des arriérés d'impôts à la maison. Dans un contexte de naufrage, les esprits s'échauffaient. D'autant plus que Milton Jr se comportait en seul maitre à bord. En 2010, il vira Ilan Bunimovitz, le PDG de l'entreprise. Bunimovitz se rapprocha du conseil d'administration de Private Group. Ils accusèrent Milton Jr de prédation et d'incompétence.
In extremis, Milton Jr garda son poste. Mais Private était en panne d'idées. Arrivé tard sur le web, la maison tenta même de profiter de l'explosion du porno trans, avec Tranny Temptation!
Aujourd'hui, Private profite surtout de son imposant catalogue. Films et photos, des années 60 à aujourd'hui, sont numérisées.
Et les tournages ? On en revient peu ou prou au début des années 90 : des tournages à la chaine, en république Tchèque. Du gonzo filmé sans effort, même s'il est saupoudré de stars, ici et là. En tout cas, pour les spectateurs, comme pour les acteurs, il n'a plus rien d'incontournable.
Globalement, comme toutes les vieilles maisons, Private se cherche un chemin.
La société s'est faite discrètement rachetée par WGCZ. On ne sait pas ce que l'acquéreur en fera à long terme ou s'il gardera Milton Jr.
WGCZ, c'est Stéphane Pacaud, un pornocrate de la nouvelle génération : quelqu'un qui fuit les caméras et ne cherche pas du tout la publicité. Peut-être qu'à l'instar d'un Fabian Thylmann (Mindgeek-PornHub) ou d'un Peter Acworth (Kink), Pacaud pourrait se retirer de WGCZ du jour au lendemain.
Il y a une vraie ruée sur les sites pornos. Gamma Entertainment a racheté plusieurs sites afin d'alimenter son portail Adulttimes. Mindgeek avait déjà pris des sites sous son aile. Le propriétaire de PornHub rêve de créer un univers, avec un réseau social. Quant à WGCZ, il avait débuté avec XVideos et XNXX, deux tubes bas de gamme. Ces derniers temps, le groupe s'est offert Legal Porno, BangBros, DDF Network et Penthouse.
A chaque fois, l'idée est d'acheter du contenu. Notamment pour fournir ses tubes avec des scènes dont il dispose de copyright. Ces scènes ou plutôt ces bandes annonces devant tracter les utilisateurs vers des sites payants. Accessoirement, c'est toujours ça de moins pour les tubes concurrents...
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